Just a word : chapitre 16-Partie02 [LYBERTYS]

Publié le par Lutraah/Lybertys

Attention : Début du chapitre dans la partie 01, ceci est la suite !



Ce ne fut que très tôt le matin que Cyril ouvrit inconsciemment les yeux. Il sourit en constatant la présence de l’adolescent lové tout contre lui. Sa raison reprit le dessus et tendrement, il déposa un baiser sur son front après avoir murmurer son nom. A demi-réveillé et encore tout assoupi, Manu se contenta de marmonner :

- Hum…

- Il faut que tu regagnes ta chambre… Pour éviter les questions, enfin, tu comprends.

Manu sembla faire comme s’il n’avait rien entendu car il passa ses deux bras autour de la taille de Cyril se resserrant un peu plus contre lui. Cyril passa alors une main dans ses cheveux et murmura :

- Si tu veux revenir ce soir, il faut que tu te lèves maintenant. Je ne dis pas ça parce que je veux que tu partes Manu, mais si…

Manu s’écarta en soupirant, s’asseyant au bord du lit et prenant sa tête entre ses mains.

- Ca va, te fatigue pas, j’ai compris.

Mais alors qu’il se levait prenant la direction de la porte de sa chambre, Cyril se leva et le suivit le rattrapant par le bras avant qu’il n’atteigne la poignée.

- Attends.

Et avant que Manu n’ait eut le temps de dire quoi que ce soit, Cyril avait prit possession de ses lèvres. Manu y répondit immédiatement, alla mêler sa langue à la sienne, se collant tout prêt de lui, semblant rechercher le plus de contact possible. Cyril avait l’impression de se consumer sous se baiser, et bientôt il sentit une main passer derrière sa nuque, l’attirant toujours plus prêt de Manu. Etrangement, ce fut Manu qui mit fin à ce baiser, s’écartant de l’étreinte de Cyril, lui lançant un dernier sourire avant de partir rejoindre sa chambre.

A aucun instant Cyril ne parvint à retrouver le sommeil. Jamais Manu ne l’avait embrassé de cette manière, jamais il n’avait ressentit tout cela. Il finit par s’habiller et sortit, prenant la direction des cuisines et prépara un petit déjeuner pour Manu. Il ne le sentait pas prêt à affronter tout le monde, et encore moins les regards dévisageant de tous les orphelins.

Lorsqu’il revint dans sa chambre, il frappa quelques coups à la porte, avant de baisser subtilement la poignée et de se glisser à pas de loup dans la pièce. En approchant, il vit ses yeux clos et son visage endormis. Il  posa le plateau sur son bureau, attrapa une chaise et s’assit à ses côtés, prêt à veiller une nouvelle fois sur Manu. Des gouttes de sueur perlées sur son front, indice qu’il avait encore beaucoup de fièvre. Le repos étant le meilleur remède, il le laissa dormir toute la journée, ne le réveillant que quelques fois pour lui donner ses médicaments et l’alimenter un peu. Sa main se retrouvait souvent dans la sienne et Cyril se laissa aller plusieurs fois à quelques caresses, gestes de tendresse ou de légers baisers sur son visage, lui montrant qu’il était là et qu’il prenait soin de lui. Le soir venu, il lâcha la main de Manu profondément endormi pour aller rejoindre son lit. Sans vraiment se le dire, il était lui aussi épuisé par les évènements. Mais alors qu’il commençait à s’assoupir tard dans la nuit, il sentit un corps chaud se faufiler sous les couvertures et venir se coller tout contre lui. Son cœur se mit à battre la chamade, mais Manu ne fit rien de plus à part passer un bras sur sa taille afin d’être encore plus prêt. Hésitant, Cyril l’entoura d’une étreinte rassurante. Aucun mot, aucun autre geste, une simple étreinte, un besoin de contact, de présence de l’autre, ce fut tout ce qu’il se passa cette nuit là, comme les suivantes.

Plusieurs journées semblables à celle-ci se déroulèrent, jusqu’à ce que Manu commence à se rétablir physiquement et en eut mare de ce confinement.

Après un petit déjeuné une nouvelle fois apporté au lit par les soins de son éducateur, Manu redressa la tête et déclara :

- J’aimerai bien sortir un peu de cette chambre…

Cyril lui sourit et lui répondit qu’il lui laissait le temps de se préparer et de s’habiller prétextant qu’il devait allait chercher une chose dans sa chambre. Chose qu’il s’exécuta à faire promptement. Arrivé dans sa chambre, il attrapa sa veste et mit dans sa poche son briquet et son paquet de cigarette. Quitte à sortir autant aller dans le parc. Cyril savait très bien qu’il préférait l’emmener dehors, lieu ou les autres orphelins ne traînaient pas, le laissa ainsi peu à peu s’acclimater au monde extérieur. Arrivé devant la porte de sa chambre, il frappa plusieurs coups et attendit un temps avant d’entrer. Il trouva Manu assis sur son lit en train de mettre ses chaussures. Cyril se dirigea directement vers son placard et attrapa sa veste et une écharpe qu’il lui tendit. Manu se redressa et enfila son manteau. Ils ne croisèrent que très peu d’adolescents dans le couloir et se rendirent directement dans ce parc. Arrivé à la sortie, Cyril lui demanda :

- On va s’assoire sur ce banc ?

Mais déjà les yeux de Manu était posé sur le lac et plus précisément sur le petit pont. Cyril tenta de ne pas y prêter attention et lui attrapa discrètement le bras en disant :

- Tu viens ?

Ils s’assirent tous deux sur le banc, dans un silence qui commençait à être gênant. Alors que l’éducateur était en train de s’allumer une cigarette, les occasions étant devenues rares, il vit le regard de Manu se poser sur lui. Il se retourna et lui tendit son paquet et son briquet, en lui disant :

- Sers-toi.

Manu ne se fit pas prier, et bientôt, tous deux fumer, admirant la beauté du paysage hivernale et du lac qui commençait à geler, tous deux perdus dans leurs pensés.

Le froid qu’il faisait les obligea à se serrer un peu plus l’un contre l’autre, sans que cela passe pour un geste déplacé à des yeux indiscrets. Il ne sut combien de temps ils restèrent ainsi, échangeant simplement quelques paroles, mais finissant pas préférer le silence, c’est uniquement à l’heure du repas de midi qu’ils décidèrent de rentrer. Mais alors que Cyril prenait la direction de la chambre de Manu, celui-ci déclara dans son dos :

- Tu fais quoi là ? C’est pas l’heure de manger ?

- Mais je pensais que tu…

Cyril ne trouva aucun excuse lui indiquant de ne pas aller manger avec les autres, et ne put qu’acquiesçai et marcher à la suite de Manu pour se rendre dans le réfectoire. Voulant le laisser aller au bout de son choix et cesser de le surprotéger, il le laissa aller s’assoire à sa table et alla rejoindre la sienne. Après tout, n’aurait-il pas comme un geste de pitié et d’assistance.

Il alla prendre place à sa table et dut engager à contre-cœur la conversation avec les orphelins de sa table. Pourtant son attention était portée sur Manu, se demandant comment sa reprise de contact avec autrui se passait. Il aurait voulu s’assoire à ses côtés, le soutenir dans cette étape, mais il savait que le mieux était de le faire seul. Mais au moment ou il relâcha son attention, servant un des orphelins, il entendit un grand fracas. Manu venait d’envoyer valser son plateau encore rempli sur son voisin d’en face. Celui-ci se releva et prit directement la direction de la sortie. Cyril sortie à son tour de table en s’excusant et partit à sa suite. Manu alla directement s’enfermer dans sa chambre. L’éducateur entra sans frapper et vit Manu adosser contre le mur, replier sur lui-même, assis sur son lit. Cyril s’approcha prudemment, se demandant ce qui avait bien pu se passer, craignant le pire. Il se risqua à lui demander :

- Qu’est ce qu’il s’est passé ?

Manu redressa son visage et planta ses yeux en larmes dans les siens. La voix tremblante, il répondit par une question :

- Pourquoi Cyril ? Comment savent-ils ? Pourquoi le savent-ils ?

- Qu’est qu’ils t’ont dit ?

Arrivé à la hauteur du lit, Manu se redressa et se jeta dans les bras de Cyril éclatant en sanglots. L’adulte resserra son étreinte sur le jeune homme, passa lentement sa main dans ses cheveux tentant de le calmer. Jamais il ne sut ce qu’il s’était réellement passé, mais Cyril sut que c’était des paroles qui avait blessé une fois de plus Manu au plus profond de son être. Pourquoi devait-il aussi subir tout cela ? Après un long moment, Manu finit par se calmer et s’écarta de Cyril, maintenant gêné d’avoir craqué ainsi.

Cyril eut alors une idée. Il dit à Manu :

- Attends-moi là, reste habillé, je reviens dans une dizaine de minutes. Je te promets de revenir au plus vite.

Intrigué, Manu acquiesça d’un signe de tête et attendit patiemment son retour.

Arrivé devant le bureau de la directrice, il frappa plusieurs coups avant que celle-ci l’invite à entrer.

- Bonjour Cyril.
- Bonjour Madame.
- J’espère que Manu se porte un peu mieux ? demanda-t-elle aussitôt.
- Disons qu’il est guérit physiquement, mais pour ce qui est de…
- N’en dite pas plus. Bon, si vous êtes ici, ce n’est pas pour me décrire son état, mais pour me poser une question, je me trompe ?
- Euh… non, répondit Cyril hésitant.
- Et bien faites donc..
- Voilà, j’ai appris que Manu n’était jamais sortit de l’orphelinat depuis des années. Son anniversaire est passé et…

Cyril dut s’arrêter quelques instant en repensant à tout ce qui s’était passé depuis ce jour-là.

- … il n’a pas eut de cadeaux. Je voudrais lui offrir, si vous me le permettez une sortie à l’extérieur aujourd’hui même, car il a réellement besoin de sortir de cet endroit ne serait-ce que quelques heures.

Cyril s’attendait à devoir sortir plusieurs arguments, à devoir insister, mais la directrice répondit :

- Quelques heures seulement et vous êtes rentré pour l’heure du souper. Allez-y vite.
- M.. Merci madame.
- Ne me remerciez pas et profitez du temps qui vous est impartit.
- Bonne journée, dit Cyril en dirigeant vers la porte de sortie.

- A vous aussi Cyril.

Le temps d’attraper ses clefs de voiture et son porte-feuille qu’il glissa dans la poche de son sac, il retourna dans la chambre de Manu, trop heureux de lui annoncer la nouvelle. Lorsqu’il entra dans sa chambre, il vit Manu assis sur son lit, adossé à son mur, semblant l’attendre patiemment. N’y tenant plus, Cyril déclara :

- Prêt pour une sortie en plein jour ?

- De quoi tu parles ? Qu’est ce que tu racontes ?
- La dernière fois nous sommes sortit de nuit, aujourd’hui, nous sortirons de jour.
- Tu es complètement fou, ils ne seront pas dupe et ils vont obligatoirement nous voir.
- Et alors, nous avons l’autorisation de la directrice jusqu’à ce soir, alors si tu ne veux pas sortir, dit-le moi tout de suite, mais là on est en train de perdre du temps.

- Et en quel honneur ai-je droit à ce privilège ? Qu’est ce que tu as encore était raconté ?
- Disons que ce sera une partie de mon cadeau d’anniversaire que nous n’avons pu te fêter. Je laisse prendre ta veste et te préparer, je t’attends dans la voiture, enfin, si tu veux venir… ?

- Un peu que je veux !
Un léger sourire se dessina sur son visage, cela emplie le cœur de Cyril d’une douce chaleur, cela faisait si longtemps qu’il n’avait pas sourit. Un sourire de sa part était tellement rare que Cyril resta un temps à le fixer, avant de lui sourire à son tour et de partir l’attendre dans la voiture. Il espéra de tout cœur que cette sortie serait plus que bénéfique pour Manu, et qu’il profiterait de cette après midi.
A peine venait-il de s’assoire dans sa voiture que déjà il apercevait la silhouette de Manu sortir de l’établissement. Il monta lestement dans la voiture, et Cyril démarra aussitôt. Cette fois-ci, ce ne fut pas la route que Manu regarda avec attention, mais son éducateur. Le jeune homme le regardait avec tellement d’insistance que Cyril n’osait pas tourner la tête par peur de croiser ce regard. Extrêmement gêné, il pria pour que Manu ne s’aperçoive pas qu’il commençait à rougir. Il entrouvrit discrètement la fenêtre ayant soudain très chaud. N’y tenant plus et voulant mettre un terme à cette tension qui devenait insoutenable pour lui, il tenta de détourner son attention. Arrivé à un feu rouge, il se tourna enfin vers lui et lui demanda :
- Tu as faim ?
Manu ne sembla pas du tout s’attendre à ce que Cyril lui demande cela. Après un petit sourire que Cyril interpréta comme moqueur, il répondit tout simplement :
- Oui.

Et le silence retomba de nouveau dans la voiture. Une fois arrivés en ville, Cyril se gara sur un parking, et ils sortirent tous deux de la voiture.

- Tu veux manger quoi ? Que dirais-tu d’une bonne pizza ?

- Bonne idée.
Ils trouvèrent rapidement une pizzeria et s’installèrent à une table. Ce n’est qu’après avoir passer commande que la discussion s’engagea enfin, parlant de choses et d’autre. Le silence refit interruption lorsque Manu mordit dans sa première part de pizza, semblant savourer cet instant. Cyril était heureux de le voir ainsi. Bien que son regard trahisse encore une profonde souffrance, il était content de pouvoir lui offrir cette journée, qui était comme un instant de répit à tout cela, une pause dans tous ses évènements, mais surtout un moment privilégié à eux deux.

Une fois leur repas fini, après avoir prit un dessert que Manu mangea avec appétit, semblant vouloir reprendre des forces, Cyril paya l’adition et ils se retrouvèrent dehors.

- On fait quoi maintenant ? demanda Manu.
- Tu aimerais faire quelque chose de particulier ?
- Je… Euh non, je te laisse décider.
Bien alors suis-moi. Manu marcha au côté de Cyril, laissant sa main effleurer la sienne plusieurs fois. Ils passèrent devant de nombreux magasins, jusqu’à ce que Cyril s’arrête, et pointe d’un signe de tête une boutique de disques.
- Pour compéter mon cadeau d’anniversaire. Tu as l’air de beaucoup aimer la musique et comme tu as cassé la plupart de tes cd, je te laisse en choisir de nouveaux.
- Je… je ne pourrais jamais accepter.

- Il vaut mieux que tu dépêches de choisir, sinon c’est moi qui déciderais à ta place et je te prendrais tout et n’importe quoi.
Au ton qu’employait Cyril, Manu savait qu’il disait vrai, et qu’il ne lui laissait pas le choix. Il entra dans le magasin en soupirant. Manu ne voulut prendre qu’un seul disque, mais Cyril l’obligea à en prendre plus. Ils s’arrêtèrent à trois. Ils sortirent du magasin, Cyril marchant peu en avant. Il sentit soudain une main le retenir par le bras. Il se retourna et se demanda ce que Manu voulait lui dire et ce qui lui arrivait.

- Qu’est ce que…
- Merci, le coupa-t-il.
- Oh tu sais, ce n’est rien, c’est juste quelques cd, j’aurais voulu faire plus, mais je me rattraperais à Noël.

- Non Cyril, ce n’est pas un merci pour les cd, mais un merci pour tout… Je te remercie pour tout ce que tu fais pour moi. Tu n’es pas obligé tu sais, si c’est par pitié…
Cyril le coupa immédiatement.

- Par pitié, retire ce que tu viens de dire immédiatement ! Ne crois surtout pas que je fais tout cela par pitié. Je fais cela parce que j’en ai envie et que cela me rend heureux de te faire plaisir ; et ce n’est en aucun cas pour alléger ma conscience. N’est-il pas possible de faire quelque chose pour toi sans que tu y voies une arrière pensée ?
Réalisant qu’il avait légèrement dépassé les bornes, il se rattrapa en ajoutant :

-          J’éprouve plus que de la simple affection pour toi, je… Désolé de m’être emporté.

Mais avant qu’il n’ait eut le temps de rajouter quoique ce soit, Manu se jeta sur lui et prit immédiatement possession de ses lèvres en plein milieu de la rue. Surprit, Cyril n’eut pas le temps de clore ses lèvres, que déjà manu avait fait irruption dans sa bouche à la recherche de sa langue. Sa première pensée se porta au regard des autres, si bien qu’il ne répondit pas au baiser immédiatement, mais Manu s’y prit avec un savoir-faire telle qu’il réussit à faire oublier à Cyril sa peur et sa crainte. Sous les caresses habiles du jeune homme, il se laissa aller, et répondit avec deux fois plus de passion à son baiser. Au terme d’un échange plus que mouvementé ou Cyril crut qu’il allait finir par le déshabillé sur place, Manu glissa jusqu’à son oreille et murmura :

- Ca te va mieux comme manière de te remercier ?

Cyril remercia le ciel que Manu ne se trouve pas face à lui et constate le rouge de ses joues. Il allait répondre, lorsqu’il sentit quelques chose de chaud dans son coup, ayant pour conséquence de ressentir des frissons parcourir tout son corps. L’excitation et la chaleur de son corps doubla, Manu se collant tout contre lui, pouvant sentir son intimité effleurer son corps. Manu termina par un petit bisou, avant de se reculer et de le regarder droit dans les yeux, semblant fière d’avoir réussit à mettre Cyril dans cet état. Innocemment, il demanda :

- On va où maintenant ?
- Il fait froid, j’ai envie de me poser, que dirais-tu d’un cinéma.
Au sourire assez spécial et au regard sans aucune pudeur que Manu lui lança, Cyril ajouta immédiatement : 

- N’y compte même pas…
Il s’approcha de l’oreille de Manu pour lui murmurer avant de reprendre la route :

- Petit pervers !

Il ne se retourna pas vers Manu, imaginant très bien l’expression qui se dessinait sur son visage. Bien vite, il sentit que celui-ci le suivait de prêt

Ils trouvèrent rapidement un cinéma et choisirent un film au hasard, ne sachant pas vraiment lequel regardait.

Ils s’installèrent tous deux côte à côte, et mangèrent le pop-corn que Cyril avait tenu à acheter malgré tout. Ce ne fut que lorsque la lumière s’éteint et que le film commença que Cyril sentit la main de Manu se poser timidement dans la sienne, suivit de sa tête sur son épaule. De sa main libre, Cyril caressa la joue si douce de l’adolescent, avant de tenter de se concentrer sur le film, resserrant son autre main sur la sienne.
Etait-ce un fait du hasard, ou le malin se déchaînant sur eux ? Mais à dix minutes après le début du film, se déroulait sous leurs yeux une scène de viol. La main de Manu se crispa dans celle de Cyril qui fit de même. Cyril n’avait jamais supportait cela dans aucun film et se sentit soudain très mal. Ce n’était pas l’acteur qu’il voyait se faire violer mais lui. Il se sentait mal au point qu’il avait envie de vomir. Bientôt il se mit presque à trembler.

- On peut sortir Manu ?
Croyant que Cyril voulait sortir  pour lui éviter de voir cette scène lui dit :
- Non, c’est bon, je tiendrais le coup, ce n’est qu’un film après tout.
D’une voix emplie de détresse Cyril ajouta :
- J’ai vraiment besoin de sortir Manu. Reste si tu veux, je t’attends dehors. 
Cyril se leva subitement, ne pouvant plus supporter les plaintes et les cris de terreur de l’acteur, cris semblables au siens qu’il avait tellement hurler dans sa vie.
Il perdit toute conscience du monde extérieur. Il ne remarqua même pas que Manu, inquiet le suivait de prêt. Il prit directement la direction de la sortie, ayant besoin de retourner à la lumière du jour et de respirait cet air frais si précieux pour lui en cet instant. Ce n’est que la voix plus qu’inquiète de l’adolescent qui le sortit de cet état de torpeur.

- Qu’est ce qui t’arrive Cyril ?
L’éducateur savait que Manu n’était pas dupe et qu’il savait que son état n’était pas dû à son viol.
- Rien, je… J’avais besoin de prendre l’air.
Manu soupira, apparemment agacé par cette réponse. Il répliqua alors d’une voix plus agressive :
- dis-moi la vérité, je crois que j’ai le droit de savoir !!! Non ?
Oui, il avait le droit de connaître la vérité. Ce n’était pourtant pas bien compliqué, de lui dire cela. De plus qu’il est vécu la même chose ne ferait qu’aider à cette révélation, mais il ne parvenait pas à prononcer un seul mot, laissant uniquement des larmes muettes couler sur ses joues, que l’adolescent ne sembla pas comprendre. Il posa une main sur son épaule que Cyril ne repoussa pas.

- S’il te plait… demanda Manu plus posément.
D’une voix tremblante, Manu prit la parole après une longue inspiration :
- Je… J’ai..
Il déglutit, il ne pensait pas qu’il aurait autant de mal à le prononcer à voix haute et surtout devant Manu. Mais il prit son courage à deux mains et recommença, avouant tout d’une seule traite :

- Ce que tu as vécu dernièrement, je l’ai vécu de nombreuse fois durant mon enfance, et je n’ai toujours pas réussi à oublier. Si je sais aussi bien ce que tu ressens c’est que… Je n’aurais jamais dû te le dire.
Il baissa les yeux, ne voulant pas voir le regard horrifié et écœuré de la personne à qui il tenait le plus. Sa voix se brisa sur ses derniers mots, ne parvenant plus à un prononcer un seul de plus. A cet instant précis, il aurait voulut disparaître, ne plus être devant lui, et ne pas lui avoir révélé tout cela. 

Un lourd moment de silence s’installant entre eux, Cyril ne parvenant pas à parler, et Manu n’ayant aucune réaction. Jusqu’à ce qu’il relève la tête en entendant  Manu dire tout simplement d’une voix plus que :

- On rentre.
Cyril eut l’impression que son cœur se brisa. L’indifférence face à une telle révélation était bien pire que tout. Il avait envie de lui hurler de lui crier quelque chose, de le rejeter, de le prendre dans ses bras, de le haïr, mais pas de faire comme s’il n’avait rien dit. Tout prenait fin, leur complicité, leurs échanges tendres, leur caresses, plus rien de tout cela n’aurait de sens. Son père avait finalement réussit à tout briser dans sa vie. Ne parvenant pas  à le tuer comme il l’avait voulut, il l’avait contrait à vivre un enfer de dégoût de soi et surtout de solitude. Il regretta chaque mot qu’il avait prononcé. Il aurait préféré affronter la colère de Manu face à son silence, que son indifférence face à la vérité. Comment aurait-il réagit s’il avait tout dévoilé, s’il avait dit que son propre père en était le responsable. Cyril n’osa même pas imaginer. La mort dans l’âme, le cœur lourd et anéantit, les jambes tremblantes, il le suivit.

Arrivé à la voiture, il lui ouvrit la porte et prit place dans celle-ci. Ses mains tournèrent machinalement la clef dans le contact, et se posèrent sur le volant. Le trajet se fit une fois de plus en silence, le regard de Manu constamment tourné vers l’extérieur, empêchant toute tentative de dialogue et enfonçant Cyril un peu plus dans sa détresse.

Il fut presque soulagé lorsqu’il arrivèrent enfin à l’orphelinat, car il allait enfin pouvoir quitter cette voiture et s’éloigner de tout cela. Pourtant Manu lui dit toujours aussi froidement avant de sortir :

- Merci pour tout, et à demain, je suis fatigué, je n’ai pas faim, je vais me coucher.
Il sortit en claquant la porte, laissant  Cyril seul dans sa voiture. Une fois de plus, par sa faiblesse, il avait tout gâcher. Pourquoi, pourquoi lui avait-il dit ? Et surtout pourquoi s’était-il autant attacher à ce gamin ? Les mots sur lesquels il s’était tout de suite arrêter étaient : "à demain". Cela voulait-il dire qu’il ne viendrait pas le rejoindre cette nuit comme à son habitude ? Après tout, c’était normal… Quel idiot d’avoir pensé qu’il accepterait de nouveau une quelconque forme de contact avec lui. Il ne devait dès lors plus qu’éprouver de la répulsion.  Ses mains tremblaient de peine et il ne parvenait plus vraiment à les maîtriser. Il lui fallut un temps fou pour se résoudre à sortir de la voiture, et il laissa ses pas lourds, le guider jusqu’à sa chambre voulant s’y enfermer pour toujours. Il ôta seulement sa veste et ses chaussures avant de s’étendre sur son lit prendre la peine de défaire ses draps. Il attrapa son oreiller et y enfouit sa tête pour tenter d’étouffer les sanglots qui commençaient à l’envahir. Il ne voulait pas qu’on l’entende, ayant déjà trop honte de la bêtise de son propre état. N’avait-il pas déjà assez versé de larmes sur son passé. Mais ce soir là, il ne parvint à faire autrement. Jusqu’à tard la nuit, il attendit que la porte de sa chambre s’ouvre et qu’il vienne se coller tout contre lui. Epuisé, ne supportant plus la réalité, il se glissa sous la couverture, préférant fermer les yeux et rejoindre le monde de la nuit, ne lui offrant que la possibilité de vivre une fois de plus son passé.

La nuit devait être bien avancée, lorsqu’il sentit une présence à côté de lui. Il ouvrit subitement les yeux se demandant qui cela pouvait donc être. Une profonde mélancolie envahie son cœur lorsqu’il vit que ce n’était autre que Manu. Il semblait hésiter à venir se glisser sous les couvertures. Lorsqu’il vit les yeux de Cyril ouvert, il détourna le regard, ne semblant pas vouloir croiser le sien. Hésitant, il finit par se coucher à ses côtés, tout en restant à une certaine distance, ne faisant qu’accentuer ce que Cyril pensait déjà. Il ne put résister à lui tourner le dos. Le silence de la nuit ne cacha pas les sanglots que Cyril tenta de cacher, pleur de soulagement de le voir près de lui, et d’angoisse de ne pouvoir se coller contre son corps…
Ils finirent par s’assoupir tous deux, la fraîcheur de la nuit les rapprochant progressivement pendant leur sommeil. A l’aube Manu se leva et regagna sa chambre, laissant Cyril continuait à dormir. Celui-ci dormait encore profondément, et se réveilla seul se demandant si cette visite nocturne n’avait finalement pas était un rêve.

Quelques instant plus tard, il entendit frapper à sa porte et entendit la voix de Manu lui demander quand est ce qu’il se levait pour aller manger. Cyril se redressa et dit qu’il arrivait dans quelques minutes. Après s’être débarbouillé et changer, il sortit et vit Manu qui l’attendait devant la porte.
En chemin jusqu’au réfectoire, il voulut entamer une conversation au sujet de sa révélation, c’était plus fort que lui.

- Manu je… Au sujet de ce que je t’ai dit hier.

- C’est bon, on a parle plus, tout comme on ne parlera plus de moi ! le coupa-t-il sèchement.
Cyril ne rajouta rien et baissa la tête. Arrivé au réfectoire, Manu ajouta :

- Tu peux venir à ma table ?
Cyril acquiesça tentant de lui sourire. Mais celui-ci sonna faux, comme les jours qui suivirent. Encore une fois, Manu avait refusé de crevé l’abcès, préférant intérioriser et ne pas en parler. La solution inverse valait-elle le coup ou alors Manu avait-il choisit la bonne ? Cyril ne portant de jugement à ce sujet, se contenta de faire comme si rien ne c’était passé. Manu passait le plus clair de son temps enfermer dans sa chambre à écouter de la musique et Cyril à l’extérieur enchaînant les cigarettes, et gardant le regard dans le vague.
Les seuls réels moments d’échanges entre eux, se passait au milieu de la nuit, lorsque Manu venait rejoindre Cyril, qui commençait à se demander le but de ses visites nocturnes. Des conversations, ils en avaient, mais cela ressemblait plus à un vulgaire bavardage de politesse, cachant tous deux de plus profondes pensées.

Les jours et les nuits défilèrent, et bientôt, ils se rapprochaient de noël, mais le cœur à la fête n’y était pas. C’était d’ailleurs une période difficile pour tous les orphelins, n’ayant plus leur famille pour vivre cet instant. Malgré tout ce qui se passer, Cyril n’avait de cesse de se demander ce qui pourrait faire plaisir à Manu et ne trouvait aucun idée qui pourrait le combler. L’ambiance qu’il régnait entre eux n’était pas vraiment propice aux idées.

Il ne sut pas vraiment pourquoi cette nuit là et pas une autre, au cours d’une conversation anodine ne portant pas vraiment sur un sujet particulier avant de s’endormir, il se risqua à lui demander :
- Dis Manu, qu’est ce qui te ferait plaisir pour ton cadeau de noël.
Il grand silence suivit cette question. Cyril espéra qu’il était en train de réfléchir et non de mésinterpréter sa question, quand soudain, il entendit :

- Je te veux toi.
Tout son corps frémit l’entente de ses quelques mots, ne sachant plus que faire, que croire, que dire, que penser. Peut-être devait-il pour une fois tout simplement se laisser aller…

 

 

 

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M
Coucou je suis une toute nouvelle lectrice te déja une grande fan xD<br /> J'adore !!<br /> Vous avez vraiment du talent !<br /> En plus je trouve la façon que vous avez décrire (un personage chaqune) trés original =)<br /> Enfin voilà ke dire par que cette fic est parfaite LES SENTIMENT AVANT TOUS lol ^^<br /> Gros bizouu' a vous deux et vivment la suiite xD<br /> Mawiie
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S
nyyaaaaaaa trop beauuuuuuuu !!!!!<br /> mes sinceres felicitations miss !!<br /> ce chapitre est une pure merveille !! absolument magnifique !!<br /> A quand le lemon ???? ^_^<br /> XD<br /> encore bravo et vivement la suite ^^<br /> bisous a toute les deux<br /> - shini -
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D
Vous êtes pas gentille de nous faire sa !!! Peut être aura -ton le droit a un magnifique lemon pour le prochain chapitre !!! Miam j'en salive d'avance !!!!
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S
Vivement la suite ! C'est génial x3
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A
Bravo les filles vous vous étes encore une fois surpassées votre histoire et toujours aussi géniale et prenante :) La suite promet d'être excellente comme toujours Alors bon courage pour la suite
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