Just a word : chapitre 16-Partie01 [LYBERTYS]

Publié le par Lutraah/Lybertys

La première chose qu’il eut envie de faire lorsqu’il le vit, fut d’accourir vers lui et de le serrer dans ses bras. Tout en lui émanait détresse et solitude. Allongé sur son lit, il fixait la fenêtre donnant l’impression d’aspiré à une liberté que le monde vivant ne pouvait lui offrir. Cyril aurait tout donné, pour rien de tout cela n’arrive à Manu, allant même jusqu’à souhaiter tout subir à sa place. Oui, il aurait préféré se faire violer une fois de plus, des dizaines de fois s’il avait fallut pour empêcher ce qui venait d’arriver à Manu. Mais on ne pouvait revenir sur le passé, et il fallait affronter le présent et continuer à vivre malgré tout, et jamais il ne laisserait Manu faire cela seul.

Il s’approcha lentement de Manu, qui continuer à regarder par la fenêtre, semblant surtout souhaitait éviter son regard. Cyril savait précisément ce que Manu ressentait à cet instant, pourtant, voulant amorçait un semblant de dialogue, il lui demanda l’air gêné :

-              Ca va.. ? finit de demander Cyril, l’air gêné.

-              Ca va… répondit alors Manu bien plus agressivement.

Une telle réaction était à prévoir. Ce qu’il venait de vivre allait le rendre plus agressif, et cela une fois de plus, uniquement par pure protection. Il était évident qu’il n’allait pas soudainement se jeter dans ses bras et pleurer. Rien qu’en pensant à souffrance qu’il devait contenir et intériorisé, il ne résista à poursuivre :

-              Manu, je suis désolée de ne pas avoir ét…

-              Ca va j’ai dis!! Pas besoin d’excuses ni de réconfort et encore moins de pitié. Je vais bien alors fous-moi la paix!

De la pitié ? C’était la dernière des choses qu’il ressentait plus lui. Pas besoin de réconfort ? Bien sur que si, c’était justement la chose dont il avait le plus besoin : d’une main tendue, d’une étreinte rassurante, d’une présence patiente le comprenant.

-              Je ne te laisserai plus !! répliqua Cyril instantanément.

-              J’aime pas qu’on me suive à la trace comme un chien, alors laisse-moi ! J’ai pas besoin de ton aide… Je n’ai besoin de rien ni de personne, compris ?

Bien qu’il sache que Manu éprouvait une souffrance immense, il fut blessé par ses paroles agressives. Ce rejet de toute forme d’aide venant de sa part était difficile à digérer. Il savait que partager une telle peine était impossible, mais l’épauler pour qu’il n’ait pas à le faire seul était la seule solution qu’il voyait et que Manu rejetait en bloc.

Pourquoi était-il aussi agressif avec lui ? Cette question l’effleura seulement, il connaissait parfaitement la réponse. Manu n’ajouta rien et pour confirmer son rejet, il continua simplement à regarder par la fenêtre, écartant toute possibilité d’entamer de nouveau un dialogue. Cyril restait là, immobile, ne sachant plus vraiment quoi faire, ne voyant dans chaque tentative qu’un rejet. Ce ne fut que lorsque le médecin arriva que Manu cessa son manège, semblant même soulagé par son arrivé. Le médecin s’approcha directement de lui, sans un regard pour Cyril.

-              J’ai au moins une bonne nouvelle, tu peux sortir dès maintenant. La psychologue de ton orphelinat a été informée et j…

-              Vous comptez mettre tout le monde au courant peut-être ?

-              Ne t’inquiète pas, il n’y a que très peu de gens qui le savent et je tiens à te demander de cette fois te rendre auprès de la psychologue. Elle ne t’a pas vu depuis sept ans!

-              Elle ne sert à rien, je ne vois pas pourquoi je devrais me prendre la tête à aller là ! Maintenant, je rentre…

Cyril avait vraiment mal de voir Manu dans cet état. Il rejetait tout avec tellement de virulence que Cyril n’avait de cesse que de s’imaginer ce qu’il devait ressentir. Qui mieux que lui, pouvait compatir à sa douleur et qui mieux que lui savait que rien ne pouvait l’aider à oublier. Pendant que Manu se redressait, le médecin s’approcha de Cyril, il lui expliqua un nombre important de conseils et de médicaments à lui donner pour atténuer sa fièvre et le coup de froid qu’il avait encore et qui ne s’était pas arrangé ces dernières heures. Bien que Cyril l’écoute avec sérieux, il ne pouvait détacher son attention de Manu. Le voir aussi fébrile, lui donner envie de l’aider, de le prendre dans ses bras, de l’embrasser tentant vainement de lui insufflé la vie qui semblait l’avoir quittait. Le voir ainsi, affichant une expression si vide cachant de lourd ressentis, donnait l’impression que toute envie de vivre l’avait définitivement quittait. Seule sa colère et sa rancœur semblait l’aider à ce maintenir debout, sa honte et son dégoût de lui-même le faisait toujours sombrer un peu plus. Il ne put s’empêcher de détourner son regard de Manu lorsqu’il le vit sans pudeur aucune, quitter ses vêtements d’hôpital dans le but de remettre les siens. . N’étant pas en pleine possession de ses moyens, il se retrouva en boxer, et c’est à cet instant là que le médecin choisit de partir, ce qui soulagea Cyril, qui ne parvenait dès lors plus à suivre un seul mot de celui-ci. Ce n’était pas la première fois qu’il le voyait dans cette tenue, mais à le voir ainsi, une vague de chaleur le submergea. S’il s’était trouver dans de toutes autres circonstances, il n’aurait pas résisté à venir se coller tout contre lui et à parcourir d’une main aventureuse ce corps qui n’avait rien de repoussant, bien au contraire… Il avait envie de poser ses lèvres sur son cou, de goûter à cette peau plus que tentatrice. Ses yeux s’arrêtèrent alors sur son boxer, et il se surprit à imaginer ce que cela pourrait être sans celui-ci.  Mais le voyant remonter son pantalon difficilement, Cyril retomba brusquement dans la réalité. Comment osait-il avoir de telles pensées en de telles circonstances ?

Lorsque Manu eut finit de s’habiller, il se dirigea directement vers la sortie, sans même un regard pour Cyril. De quoi avait-il peur ? Pourquoi n’osait-il pas le regarder en face ? Plus le temps passé et plus il constatait l’étendu de son mal être. Marchant à sa suite, Cyril se risqua à poser sur son épaule, non ignorant du rejet que cela engendrerait. Il n’avait pu résister, le voir si seul et ne rien pouvoir faire, lui était insupportable. Il souhaitait lui montrer qu’il était là, démontrer sa présence, lui prouver qu’il n’était pas seul et qu’il n’éprouvait aucun dégoût pour lui comme Manu devait le craindre à l’heure actuelle. Manu se contenta seulement de bouger son épaule en croisant les bras, symbole de son repliement total sur lui-même. Cyril comprit et n’insista pas. Il savait combien un simple contact était insoutenable après avoir survécu à cette horreur. Manu n’eut aucune autre réaction, et contenta de marcher en silence jusqu’à la voiture de Cyril, qui savait parfaitement au combien il était difficile d’affronter le monde extérieur et ses regards devenus maintenant impudique. C’était comme si chaque regards nous mettaient totalement à nu, se sentant violé de nouveau par leur seule présence. Il lui indiqua la voiture et une fois arrivée à celle-ci, il l’aida à prendre place, prenant soin de le toucher le moins possible, ne voulant pas l’enfoncer un peu plus. Etonnamment Manu ne le repoussa pas et Cyril fut soulagé qu’il accepte un peu de son aide, se sentant légèrement moins inutile.

Durant le trajet, il tenta plusieurs fois d’engager la conversation, mais rien n’y faisait. Manu restait muet ou se contenter de répondre par oui ou par non, sans vraiment prêter attention aux paroles de Cyril. Il fixait l’extérieur, semblant une fois de plus aspirait à un ailleurs ou sa souffrance ne serait plus. Lui en voulait-il ? Lui en voulait-il de ne pas avoir était là, de ne pas l’avoir protégé ? Allait-il jusqu’à lui en vouloir de lui avoir sauver la vie ? Regrettait-il de vivre encore ? Cyril se concentra sur la route n’osant plus regardait Manu dépérir sous ses yeux. Ce n’était pas contre Manu qu’il éprouvait de la colère, mais contre sa propre impuissance face à tout cela. Lorsqu’il sentit le regard de Manu se posait sur lui, Cyril n’osa pas tourner la tête. Il avait peur de découvrir son regard, lui seul trahissait sa souffrance. Il espéra que celui-ci parlerait, mais il finit pas détourner la tête et fixer de nouveau le monde extérieur défilé devant ses yeux, ne semblant plus vouloir de lui, avant de fixer ses pieds jusqu’à la fin du trajet.

De retour à l’orphelinat, Manu sortit directement de la voiture et se dirigea jusqu’à sa chambre où il s’y enferma. Cyril le suivait, ne pouvant pas le laisser seul une seconde, ayant bien trop peur de ce qu’il pourrait faire. Jamais il ne le laisserait seul. C’était à cet instant précis, même sans le dire que Manu avait le plus besoin de sa présence et de son soutient. Plus jamais il ne le laisserait seul, même si la menace de Marc était maintenant effacée. Maintenant face à la porte close de la chambre de Manu, Cyril n’hésita pas et entra sans frapper, sachant parfaitement que cela aurait été inutile. Sans hésiter, il s’approcha de ce corps qui semblait dès lors si faible. Il s’arrêta cependant, rejetant une fois de plus l’envie de le serrait dans ses bras et de lui ôté ce sentiment de solitude et d’isolement, à une s’arrêta à une distance qui était bien trop proche que pour vouloir une relation éducateur/orphelin. Il ne put réprimer un geste de tendresse et posa délicatement sa main sur son cou. Le rejet physique de Manu, fut tout aussi brutal que ses paroles :

-              Dégages de ma vue !

-              Je ne te laisserai plus seul je te l’ai déjà dis, même si tu ne veux pas de moi ! Tu n’es pas bien, et..

-              Je suis malade ! Ca va aller dans quelques jours, mais je vais bien alors fous-moi la paix !

En entendant cela, Cyril perdit son calme. Comment Manu pouvait-il dire que tout cela serait finit dans quelques jours ? Le pire n’était pas qu’il dise cela, mais qu’il semble y croire. Pourquoi se mentait-il autant à lui-même ?

-              Tu ne vas pas bien Manu..dit Cyril en prenant Manu par les épaules, pour le regarder fixement.

-              Qu’est-ce t’en sais ? Foutez-moi tous la paix avec cette histoire, on oublie ok ? Moi en tout cas, c’est déjà oublié ! Il a tiré son coup, il va aller en taule et voilà. L’affaire est close…

Manu se détacha de l’emprise de Cyril et enleva ses chaussures avant de vouloir se coucher. C’était les mots de trop. Comment oublier ? Jamais on ne pouvait oublier une telle chose, même en l’ayant vécu une seule fois. Comment pourrait-il allait de l’avant et s’en sortir s’il se voilait ainsi la face ? Pourquoi niait-il sa souffrance ? Cyril perdit patiente et craqua :

-              Tu es vraiment un gamin parfois !

-              Un gamin.. ? demanda-t-il en se retournant ? Je peux savoir pourquoi ?

-              Tu fais celui qui n’est pas touché, alors que tu as vécu une des choses des plus horribles ! Tu es lâche avec toi-même, Manu. Tu n’assumes même pas de souffrir, tu préfères jouer celui qui ne ressent rien et qui se fiche de tout ! Comment veux-tu avancer ainsi ? Comment veux-tu que des gens t’aiment ?

Ses paroles dépensèrent sa pensé, il tentait juste de le faire réagir. Cyril voulait percer l’abcès, il voulait que Manu craque d’une manière ou d’une autre, qu’il laisse libre cours à sa souffrance et à sa peine, qu’il exorcise une fois pour toute la peine et la rancœur qui noyait son cœur et son esprit. Il aurait tant aimé qu’il réagisse et revoir devant lui le Manu qu’il connaissait pas cette âme en peine qui ne souhaitait que mettre un terme à tout cela et abréger ses souffrances. Mais au lieu de tout cela, Manu se contenta de se coucher dans son lit en murmurant :

-              Je t’emmerde..

Alors c’était ainsi, il se résignait à cette fatalité, il ne cherchait plus à se battre, il baissait les bras. Cyril ne connaissait que trois cette attitude et c’était le fait de se voir en lui qui lui faisait le plus mal. Cette réaction de résignation fut de trop pour Cyril, qui préféra sortir pour éviter de regrettait les paroles qu’il aurait alors pu se mettre à prononcer. Il ne pouvait rester plus longtemps. Manu lui tourna le dos, refusant toute aide de sa part, donc toute issue à son malheur. Une colère sourde contre lui-même, contre son incapacité à le sortir de cet état, contre son impuissance, l’obligea à sortir en claquant la porte. Manu avait eut tout comme lui, une réaction lâche. Pendant des années il n’avait pu s’avouer avoir vécu ce qu’il avait vécu, seuls ses cauchemars lui rappelaient interminablement son passé. Il sortit directement dans le parc, saisit par le froid qu’il y régnait, il s’alluma rapidement une cigarette et s’assit sur le banc ou il lui avait parlé pour la première fois. Le souvenir de cet instant ne fit que raviver sa détresse. Il termina rapidement sa cigarette, et se dirigea immédiatement dans sa chambre malgré l’heure du dîner. Il n’avait aucun envie de se retrouver au milieu de gens insouciant débordant de leur bonheur contrastant avec l’absence de celui-ci dans son cœur. Après une rapide douche, il s’allongea dans son lit, comme vidé de toutes ses forces. N’en pouvant plus, voulant s’éloigner ne serait-ce qu’un instant de cette réalité, il parvint à trouver le sommeil.

Plus tard dans la nuit, alors que ses rêves approchaient de plus en plus son passé, il fut sortit de son sommeil par les supplications d’une voix provenant de quelqu’un tout proche de lui, il sursauta et se redressa légèrement pour voir qui était là. En voyant le visage de Manu en larme, il posa directement sa main sur son épaule et lui demanda encore endormis mais inquiet malgré tout :

-              Manu, qu’est-ce que tu as ? Un problème ?

Cyril encore dans un demi-sommeil fut inondé des paroles de détresse de l’adolescent.

-              Tu penses vraiment ce que tu as dis ? Que je suis un lâche et tout le reste ? Que je ne me ferai jamais aimer par personne…

-              Quoi… ?

-              ..Non, rien. C’était idiot de ma part ! Rendors-toi !

Mais alors que Manu voulait se redresser pour repartir en sentant les larmes lui monter aux yeux, il sentit que Cyril retrouva tous ses esprits et le tira par le bras, l’incitant à s’asseoir sur le lit. L’éducateur vit directement les larmes de Manu malgré l’obscurité et passa son pouce pour les essuyer, le jeune homme baissant la tête légèrement de honte. Perdu par le changement de comportement de Manu, Cyril ne savait plus vraiment quoi faire. Il était totalement déstabilisé par les deniers mots de celui-ci ? Ne jamais se faire aimer par personne ? Craquait-il enfin ?

-              Qu’est-ce que tu racontes Manu… Pourquoi crois-tu que tu ne te feras jamais aimer par personne ?

-              Mais c’est ce que tu as dis ! répondit-il vivement en relevant la tête, les larmes redoublant en même temps. Tu m’as dis que je ne me ferai jamais aimer, et que j’étais un lâche ! Comment est-ce que je vais faire moi si tu ne m’aimes p..

Manu se tut en se pinçant légèrement les lèvres et baissa à nouveau le regard, semblant remarquer qu’il s’était vendu. A l’entente de ses derniers mots, Cyril sentit une vague de bonheur l’envahir, et un élan de tendresse l’envahi. Jamais il ne s’était sentit autant toucher pars de simples mots. Cela signifiait-il qu’il l’aimait ? A peine Manu eut le temps de reprendre la parole que Cyril lui redressa le menton de son doigt et approcha son visage de lui, s’arrêtant à quelques centimètres des lèvres de Manu, comme s’il se rendait compte de ce qu’il s’apprêtait à faire. Hésitant, ne voulant pas brusquer les choses, il posa sa main sans ses cheveux et la passa sur son visage transpirant de fièvre, ne voyant plus maintenant que ses lèvres. Timidement il posa les siennes à quelques centimètres de celles de Manu, se dirigeant lentement vers son cou. Sentant les bras de Manu l’enlacé, symbole de non-rejet, Cyril n’y tint plus et coucha l’orphelin dans le lit, se mettant au-dessus de lui afin de pouvoir l’embrasser sur les lèvres s’étant retenu jusqu’alors. Manu ouvrit instinctivement la bouche pour le laisser entrer et bien vite la langue de Cyril alla rejoindre la sienne. Il y avait tellement de passion dans ce baiser, que cela l’excitait à la seconde. Cyril tenta de lui transmettre tout son amour, tout son savoir-faire, afin de lui prouvait la passion qu’il éprouvait pour lui. Toute peur de l’acte en lui-même semblait s’être effacée. Pourquoi cela, pourquoi n’avait-il plus peur ? Peut être parce que Manu avait vécu la même chose que lui, peut être que cette solitude le quittait enfin. Il se laissa même aller à passer une main sous son t-shirt caressant cette peau qu’il avait tant voulu effleurer de sa main ne serait-ce qu’une seconde depuis si longtemps. Mais une chose le ramena brusquement à la réalité. Si lui était maintenant prêt, c’était loin d’être le cas de Manu. Il se recula alors vivement et murmura pour répondre à l’incompréhension que le regard de l’adolescent lui lançait :

-              On ne peut pas faire ça… Pas maintenant, c’est encore trop tôt pour toi.

-                Non…j’en ai envie ! Je te veux..tout de suite !!

-              Manu, tu viens de te faire violer je te rappelle.

-              Et alors ?

Cette question était de trop. Cyril était un peu perdu. Comment pouvait-il avoir une telle réaction ? Avait-il seulement conscience de ce qu’il venait de vivre ? Le réalisait-il ?

-              Et alors, on dirait que ça ne te touche même pas ! Je ne comprends pas comment on peut s’en remettre aussi vite. Quand c’était mon cas, je..

Il s’arrêta subitement, il s’était emportait et ce début de phrase lui avait échappé, ce que Manu ne manqua malheureusement pas de relever.

-              Quand c’était ton cas.. ?demanda-t-il, septique.

-              Non, rien, tenta-t-il vainement de répondre, et heureusement Manu n’insista pas.

-              J’ai envie de toi, Cyril !! répondit Manu aussitôt en passant une main lentement sur une de ses fesses.

Ce fut très dur pour Cyril de garder son sang froid, et c’est non sans difficulté qu’il tenta de se reprendre et de ne rien laisser transparaître.

-              C’est beaucoup trop tôt pour toi Manu. Tu n’es pas prêt, et tu dis que tu l’es juste parce que tu te caches totalement la vérité.

-              Tu dis n’importe quoi !

-              Ce sera non pour cette fois, je suis désolé.

Manu regarda Cyril quelques instants et finit par se redresser en le poussant violemment, extrêmement vexé. Malgré sa réaction, Cyril savait qu’il avait prit la bonne décision, mais le voir partir ainsi lui serra le cœur. Pensant que son orgueil aurait reprit le dessus, il ne s’attendait à voir Manu sortir de cette pièce et alors que Cyril allait s’apprêter à se relever, il le vit se retourner une dernière fois et s’approcher du lit et lui demander :

-              Je peux au moins dormir avec toi ? Un tout petit peu…

Encore chamboulé par tout ce qui venait de se passer, par ses propres pulsions, par l’état de Manu, il pensa à voix haute :

-              Imagine que quelqu’un arrive et nous voit. Tu crois que j’embrasse et touche tous les orphelins de cette façon ? Je ne sais même pas comment j’en suis arrivé là d’ailleurs.

Au regard que lui lança le jeune homme, Cyril comprit qu’il avait mal interpréter ses paroles. Ne voyant pas de raison particulière à lui refuser sa demande, il tira sur sa couverture et lui dit de venir. Après tout, n’était-ce pas ce dont il avait envie plus que tout. Se sentir proche de lui, être collé tout contre ce corps et échanger avec lui un instant de pure tendresse. Manu ne se fit pas prier, et l’éducateur mit les couvertures minutieusement sur lui avant de reposer sa tête sur l’oreiller dans un soupire, réalisant ce qu’il était en train de faire. Mais en regardant Manu face à lui, toutes ces pensées s’envolèrent. Ils se rejoignirent vite l’un contre l’autre, s’apportant l’un l’autre chaleur, tendresse et affection qui semblait leur faire tous deux cruellement défaut depuis si longtemps. Mais alors que le silence régnait dans la chambre, propice à un assoupissement proche, Cyril repensa à l’échange qu’il venait d’avoir et à l’expression pleine de détresse de l’orphelin lorsqu’il l’appelait à l’aide, ayant pris à la lettre ses précédents reproches. Cyril n’aurait jamais imaginé que cela le touche autant et cela ne fit qu’appuyer l’extrême sensibilité de l’adolescent. Ne voulant pas le laisser s’endormir comme cela, et voulant rattraper les incompréhensions, il reprit la parole d’une voix douce et basse :

-              Si je t’ai dis ça, ce n’est pas pour te faire du mal tu sais. Et ne crois pas que je ne t’aime pas, ce n’est pas du tout le cas.

Son étreinte se resserra sur Manu, et il déposa un baiser dans ses cheveux pour continuer :

-              Tu te sens tellement sale à présent que tu n’as même pas envie de voir la réalité en face… Tu ne crois pas victime d’un véritable viol alors que ça a bien été le cas Manu. La douleur que tu as ressentie te fera toujours du mal, mais moins avec le temps. Ne crois pas que parce que c’est arrivé, plus personne ne pourra t’aimer comme une personne normale. Tu n’as pas besoin qu’on couche ensemble pour le savoir, tu le sais au plus profond de toi… Ta cicatrice ne sera que le temps, alors ne précipite pas les choses.

Un dernier baiser s’attarda dans les cheveux de Manu et une main de Cyril passa lentement dans son dos tandis qu’ils essayèrent à présent de dormir. Cyril n’avait fait que décrire sa propre expérience, mais il tenta de la partager avec Manu indirectement, espérant que cela pourrait l’aider un minimum. Il voulait lui conseiller ce qu’il avait mis des années à comprendre seul. Après une dernière pensée pour lui, sentant la respiration de Manu se ralentir et s’apaiser, signifiant qu’il était en voir de s’endormir, il ferma les yeux à son tour, avant de s’endormir rassuré et soulagé de tenir de nouveau dans ses bras le jeune homme qu’il chérissait tant.

Attention, ceci n'est pas la fin du chapitre, la suite dans la partie 02...

 

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B
arf c'est tellement migon TT__TT<br /> <br /> vite je vais lire la deuxieme partie =P
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