Not alive without you: chapitre 12 partie 04 [LUTRAAH]

Publié le par Lutraah

 

 

Je ne me réveillais que le lendemain. Je sentais mon visage bouffi et mes yeux étaient irrités, l'on aurait dit que j'avais pleuré durant toute la nuit. Mon corps était tellement enfoncé dans le matelas que je crus ne jamais pouvoir me relever. Cependant, j'étais bien emmitouflé dans les draps, et un verre d'eau avec un médicament m'attendaient sur le bord de la table de nuit. Quentin avait une fois de plus regretté son geste et espérait se faire pardonner. Il fonctionnait toujours comme ça… Cela me fatigua déjà tellement que je voulus me rendormir. Mais mon esprit semblait bien éveillé, et je le laissai voyager dans un monde parallèle, plongé entre une réalité et un monde vide, absent de toute émotion. Et alors que je me sentais à nouveau sur le point de m'endormir, je repensai à Jonas. Je ne sus pourquoi cet homme me vint en pensée mais ma culpabilité monta d'un cran. Décidément, à chaque fois que j'allais au plus mal, je pensais à lui.

 

Mais j'avais tellement envie de parler à quelqu'un… A qui d'autre pouvais-je le faire? De plus, Jonas écoutait tellement bien. Je le sentais attentif à moi et à mes ressentis. Même si ce n'était que pour avoir ce qu'il voulait de moi, c'est-à-dire du sexe, j'avais terriblement envie de lui parler. Pour la première fois, j'avais envie de me confesser, envie de lui dire que j'étais en pleine folie, que je me faisais peur. La veille, j'avais tenté de me suicider… Cette pensée m'effraya tellement que je pris mon portable précipitamment afin de composer son numéro que j'avais retenu pour ne pas avoir à l'enregistrer. 

 

Je composai les quelques chiffres et soupirai pour évacuer l'appréhension de lui parler mais le besoin était tellement grand que je n'y prêtai pas d'attention. Je voulais dire à quelqu'un que ça n'allait pas du tout… que j'étais au bout du rouleau.

 

- Bonjour, vous êtes bien sur la messagerie de Jonas Delas. Je ne suis là pour l'instant mais laissez-moi un message et je vous rappellerai.

 

Biip.

 

- Salut Jonas… dis-je, improvisant face à la surprise de tomber sur sa messagerie. C'est moi… C'est Thomas. 

 

Soudain, je repensai à Quentin. Et s'il se trouvait dans la maison. Sans dire un mot au téléphone, je fis un rapide tour de la maison en trottinant et fus soulagé de n'y voir personne. Je m'installai donc dans le canapé, joignant ma main à mes yeux tellement ils me faisaient souffrir. 

 

- Voilà… Euh… Je t'appelais pour savoir comment tu allais. balbutiai-je. Je… Je t'ai vu hier et je me sentais vraiment mal d'être ainsi passé à côté de toi sans te prêter la moindre attention. C'est compliqué… tu comprends? Enfin, je suis désolé. 

 

Je ne sus plus quoi dire. Tout à coup, je trouvais ce message ridicule et stupide. Je m'excusai une dernière fois et voulus raccrocher. Mais au moment où je voulus fermer la conversation, je repris vivement mon portable à mon oreille et je débitai tout, du début à la fin.

 

- En fait, je t'appelle pour te dire que de mon côté, je ne vais pas très bien. Non… En fait, ça ne va pas du tout. Quentin, il a…

 

A cette seule pensée de ce qu'il m'avait fait, j'avais à nouveau la voix emplie de larmes

 

- Il a fermé mon magasin… Il prétend que c'est pour l'argent… Mais je ne le crois pas. Il veut m'enfermer ici. Jonas, si tu savais les choses horribles qu'il m'a dites hier… C'était tellement cruel. Je me suis mis en colère, j'ai pété les plombs… Je me suis fait tellement peur, j'en tremble encore. 

 

J'étais tellement gêné de lui parler que je marquais de longues pauses à chaque phrases. Je ne savais pas quoi lui dire tant j'avais de choses à dire, tant cela faisait des années que je cherchais quelqu'un à qui me confier.

 

- Je crois que j'ai besoin d'aide, Jonas… arrivai-je à dire. Hier, j'étais vraiment à deux doigts de faire une bêtise. Quentin avait cette arme et… Mon Dieu, si elle avait été chargée… Si elle avait été chargée, je ne serais plus là. Je ne pourrais plus te parler. Et ça je n'en ai pas envie, j'ai envie de continuer à te parler. A te voir. 

 

En disant ces mots, je réalisai à quel point j'avais envie d'être près de lui, de sentir son corps chaud contre moi, juste pour me sentir vivant. 

 

- Je n'ai rien et tu es la seule personne qui se soucie de moi. Enfin, je crois… Je ne sais plus quoi penser. Je crois qu'il faut que je fasse quelque chose, sinon j'y laisserai ma peau. Quentin va me tuer, je le sens. Et s'il ne le fait pas en me frappant, il le fera en me poussant à bout pour que je le fasse moi-même. Bref, voilà. Excuse-moi… Ce message est vraiment ridicule. Je me sens honteux de t'avoir dit tout ça… Je te laisse. Si tu ne me rappelles pas, je comprendrais tout à fait. Je comprendrais d'ailleurs que tu ne veuilles plus me voir. Ma vie est tellement compliquée que moi-même j'aimerais ne plus en entendre parler. Je suis désolé que tu sois rentré dans toutes ces histoires. Merci de m'avoir tant aidé, déjà. Tu es vraiment quelqu'un de bien… Et je le pense. Ne me rappelle pas… Ca vaut mieux pour toi. Je m'en veux déjà assez que tu aies à me supporter, alors… Laisse tomber. Tout ira bien. 

 

J'étais tellement persuadé du contraire que ma voix n'arrivait même pas à être convaincante. Tout ce que je pouvais ressentir, c'était un vide rempli de désespoir. Et alors que j'avais tant besoin de lui, je me retrouvais sans le vouloir, à dire au revoir à Jonas.

 

- Merci pour tout ce que tu as fait pour moi. Je te souhaite sincèrement que tu rencontres quelqu'un un jour qui ne sera pas aussi compliqué… Merci. répétai-je encore et encore. 

 

Je lui dis au revoir et me mordis la lèvre à sang quand je remarquai que tout ce que j'avais dit sur ce message n'était que son bien à lui. J'étais fier de ne pas avoir été aussi égoïste que je l'étais aux habitudes. Mais maintenant, je n'avais vraiment plus rien… ni personne. 

 

Au même moment où je raccrochais mon portable, Quentin rentra dans la pièce. Je poussai un soupir de soulagement. S'il m'avait surpris au téléphone, je n'aurais pas donné cher de ma peau. Il me regarda avant de s'installer sur la table basse, face à moi.

 

- Ca va mieux?

 

Je me rendis compte que la colère que j'avais contre lui qu'aux habitudes j'aurais tûe, était toute aussi vive que la veille. 

 

- Et mon magasin? demandai-je en croisant les bras.

- Pfff… Tu vois. Quand je veux être sympa avec toi, tu fais tout pour me pousser à bout. Tant pis pour toi. 

 

Tout en se levant pour se diriger vers le bar, il rajouta:

 

- Au fait, on sort ce soir. Des amis d'Australie viennent nous voir.

- Viennent TE voir, tu veux dire? Pourquoi je ne peux pas rester ici? Je n'ai pas envie de sortir. 

- Ce n'était pas une proposition, Thomas. 

- J'ai pas envie… 

 

Un silence se suivit mais j'entendis tout à coup un bruit de verre qui se brisait violemment. Il se brisa juste au mur qui se trouvait face à moi, le whisky se trouvant dans le verre se répandant partout sur le mur et le meuble posé contre. L'odeur vint jusqu'à mon nez et alors que je me retournais pour voir Quentin, je le vis s'approcher de moi vivement. Il se mit alors à califourchon sur moi et prit ma gorge entre sa main, qu'il serra juste assez pour que je puisse à peine respirer. J'étais là, coincé entre le canapé et lui.

 

- Regarde-moi! hurla-t-il.

 

Mes yeux pétrifiés arrivèrent dans les siens et encore une fois, l'impression que toute sa personne et son aura m'envahissait littéralement. Et alors que je pensais qu'il allait à nouveau me menacer, il s'approcha tout à coup vers moi et m'embrassa bestialement. Sa langue s'imposa dans ma bouche et força la mienne. Je tentai de le repousser mais il lâcha alors sa main de ma gorge et prit mes deux bras qu'il remonta derrière la tête. Cela dura de longues secondes mais heureusement, il s'arrêta. Ma peur avait pris le dessus… 

 

- Je pense qu'on s'est compris. 

 

Je me contentai d'un hochement de tête pour réponse. Lui se contenta de me dire comme si de rien n'était qu'il devait faire quelques courses et que je devais être prêt pour 23H00. Sans un mot de plus, il se releva et partit en prenant sa veste. 

 

Et c'est donc à 22H30 que je me retrouvais habillé en train de me coiffer, sachant pertinemment que j'avais intérêt à être parfaitement présentable. Alors que je mettais une touche de parfum, mon portable se mit à sonner.

 

- Allô? dis-je intrigué, ne connaissant pas le numéro.

- Bonsoir, c'est Arnaud. dit l'ami de Jonas d'un ton glacial.

- B...Bonsoir… dis-je, très mal à l'aise.

- Est-ce que tu as des nouvelles de Jonas? 

- Non… Pourquoi? 

- Tu n'es pas au courant?

- Non… dis-je encore, intimidé. 

- Sa boite de nuit est en vente. Un de ses employés me l'a dit. Pourquoi est-ce qu'il a fait ça? Je n'arrive pas à le joindre, en plus. s'emporta-t-il. Est-ce que tu lui as dit quelque chose? Il s'est passé quelque chose? Vraiment, je ne comprends pas pourquoi tu…

- Je n'ai pas de nouvelles de lui! répondis-je sèchement. Je l'ai juste croisé hier. 

 

Pour qui toutes ces personnes se prenaient-elles pour me parler sur ce ton? J'en avais plus qu'assez. Je me contentai de terminer rapidement la conversation.

 

- J'y vais ce soir. Si je le vois, je lui dirai de te téléphoner… Excuse-moi mais… je dois raccrocher. Au revoir…

- C'est ça! me répondit-il avant de raccrocher. 

 

Je déposai mon téléphone, ma colère me rendant soudain faible, laissant place à ce désespoir qui habitait toute mon âme. Et dire que je me préparais pour aller devoir faire semblant de sourire pendant des heures. Je ne m'en sentais pas la force… Mais je continuai tout de même car je repensais à Jonas et à ce que je venais d'apprendre. Sa boite mise en vente… Ce n'était pas normal. Il fallait que j'en ai le coeur net, que les choses soient claires. J'espérais de mon coeur le voir ce soir. Et sans trop vouloir m'en rendre compte, je me mis tout à coup à reprendre ma présentation, allant jusqu'à changer de chemise afin qu'elle plaise davantage à Jonas qu'à Quentin. Je voulais qu'il me voit, qu'il me regarde. Je regardai un long moment mon reflet dans le miroir et essayai d'afficher un sourire qui ne me convainquis pas du tout. Je regardai mes mains, ma bague… Je n'éprouvais que du dégout face à ce corps. Comment pouvais-je être respecté alors que je ressentais la même chose que Quentin ressentait à mon égard. 

 

- Thomas, tu es là? appela Quentin, arrivé à la maison.

- J'arrive…

 

Suite à la partie 5:    Not alive without you: chapitre 12 partie 05 [LUTRAAH]

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