Just a word: chapitre 03 [LUTRAAH]

Publié le par Lutraah/Lybertys

Manu se rendit à nouveau dans sa chambre après un dernier petit quart d’heure de « ronde », et écouta le dernier quart d’heure avant le souper, sa musique qui faisait éclater tympans de chaque éducateur. Ils demandaient à chaque fois de baisser le son, sans succès… Manu répondait toujours avec un « excusez-moi » et baissait le son pour mieux le remettre dès que la porte se refermait. Il se dirigea lentement vers le réfectoire, les mains éternellement dans ses poches et alla s’asseoir comme aux habitudes, près de la fenêtre. Les repas… Ses seuls moments où il se sentait tranquille, tant que l’on ne lui adressait pas la parole. Il attendit donc, sans adresser la parole à qui que ce soit, que le repas arrive jusqu’à ce qu’il voit Cyril arriver. Les autres ne le connaissant pas encore, le regardaient fixement tandis que Manu prenait un malin plaisir à le narguer du regard. Le voir se présenter plutôt timidement l’aurait bien fait rire, mais se contenta de râler intérieurement de l’avoir en face de lui. Il pouvait être une bombe, mais il semblait bien lourd et collant comme éducateur… Il attendit que le souper arrive, l’obligeant à s’arrêter de regarder à l’extérieur, et prit presque le plat aux mains de Cyril, sans spécialement s’en rendre compte. Pour lui, c’était quotidien, se servir quand il en avait envie et quand ça venait et donc, prenait ce dont il avait besoin pour que son repas soit à la hauteur. Il mangea calmement, ne cherchant même pas à entamer une conversation avec tous ces mômes qui l’auraient bien fait gerber. Les voir aussi souriants, semblant aussi heureux le rendait malade. Il n’avait jamais rigolé à plein poumons, ou avait pris un plaisir à faire quoi que ce soit de bon depuis qu’il était ici, il considérait qu’il n’y avait pas de quoi rire dans un endroit tel que celui-ci.
Il prit finalement le pain de son voisin en voyant qu’il lui en manquait, faisant bien comprendre qu’il n’admettait aucun commentaire, même s’il savait très bien que plus personne n’en faisait depuis tout ce temps… Il le mangea en regardant le ciel à présent totalement noirci par l’hiver qui promettait d’être rude et bien précoce. Ce sentiment de vouloir s’enfuir… De partir de cet endroit qu’il n’avait jamais eu le droit de quitter depuis 12 ans, cela le rendait dingue. Il avait l’impression d’être emprisonné et de payer la mort de ses parents. Mais tous ces sentiments de tristesse et d’enfermement n’étaient à présent plus que de la colère et de la moquerie qu’il avait finalement appris à apprécier, ne trouvant de toute façon plus rien à faire d’autre à part se foutre de tout le monde. Il termina son repas plus rapidement que d’habitude, le regard de Cyril posé sur lui toutes les cinq secondes commençait sérieusement à le rendre hors de lui surtout en sachant qu’il ne faisait que le juger de chaque geste qu’il pouvait faire. Il n’avait maintenant même plus envie de se faire prendre par ce mec, il avait juste envie de le foutre dehors… Il le détestait déjà, et préparait déjà quelques petites choses dans sa tête pour s’en débarrasser. Ah, il va s’occuper de mon cas, et bien je vais lui montrer ce qu’est de s’occuper d’Emmanuel Gordon !! pensa-t-il en lui lançant un dernier regard haineux.
Il se releva et partit, sans chercher à avoir un quelconque accord pour quitter la table. Manu fit vite un léger détour pour mettre sa veste et alla s’asseoir sur son banc, seul moment où personne ne venait jamais le déranger, devenant alors serein pour les rares fois dans la journée. Les quelques lampes misent à l’extérieur montrèrent rapidement que Cyril arrivait près de Manu. Celui-ci soupira en reconnaissant sa silhouette, mais attendit de voir la suite. La chose qui le mit en rogne fut de voir Cyril s’asseoir à côté de lui, sachant très bien que Manu avait certainement horreur de ça :
-          Hé l’nouveau, si tu ouvres les yeux, tu verras qu’il y a pleins d’autres bancs. Alors t’es bien gentil, mais tu dégages ton petit cul d’ici et tu vas le poser ailleurs.
-          Il t’appartient ?
Manu le regarda quelques secondes, mais préféra ne rien répondre. Il n’avait d’ailleurs aucuns arguments à lui sortir. Déstabilisant !! Il était totalement déstabilisant, mais ne fit rien paraître et tira sur sa cigarette, jusqu’à ce que Cyril lui demande :
-          Merde j’ai pas prit mon feu, tu peux me filer ton briquet ?
Manu allait lui répondre qu’il n’avait qu’à aller le chercher, fier qu’il soit enfin un peu « con » dans l’histoire et qu’il l’envoi merder de toute beauté, mais fut arrêté dans son enthousiasme en voyant que Cyril le sortait de sa poche et lui répondait que ça allait et qu’il en avait un.
Pour toute réponse, Manu mit sa capuche, une petite imitation de fourrure la contournant pour lui faire comprendre de ne plus le déranger. Il ne lui dit pas un mot, et même si Cyril avait l’intention de lui parler d’une quelconque chose, il en comptait pas lui répondre. Personne ne le dérangeait, et il ne voyait pas pourquoi ce type, à peine arrivé, allait commencer à l’emmerder avec son autorité « exemplaire ». Il ne comptait pas devenir un jour d’honnête, il trouvait tout cela dégradant et faible.
Et pourtant, Cyril l’intriguait beaucoup… Il ne semblait pas aussi con que la plupart des autres éducateurs qui avait pu arriver. Il semblait avoir en effet, bien plus d’expérience. Mais tout cela ne lui donna pas envie d’abandonner, tout cela était peut-être même encore plus excitant de savoir que cela n’allait pas être facile. Il espérait juste qu’il allait rapidement voir une faiblesse, bien qu’il ait déjà remarqué une petite chose intéressante : « Monsieur » semblait avoir horreur d’être dragué par un homme, alors il allait en bouffer ! Il se releva du dossier du banc et lança son mégot dans le lac d’un geste de deux doigts et expira sa dernière bouffée avant de redescendre et laissa Cyril poireauter là sans dire quoi que ce soit. Il finit par aller prendre une douche, traversant le couloir en croisant quelques autres orphelins qui étaient déjà mis en pyjama et rigolaient, mais se calmant juste le temps de passer à côté de Manu. Celui-ci resta dans l’eau pendant un temps incroyablement long, comme toujours et enfila un t-shirt et un short avant de se rendre dans un des salons pour aller prendre la télécommande à quelqu’un et s’installer dans le fauteuil en changeant bien entendu le poste. Le garçon qui se trouvait à côté regarda Manu avec un œil qui essayait de faire peur quand il vit Marc arriver avec Cyril, qui lui montrait apparemment les lieux. Le jeune homme se leva directement en expliquant à Marc le très léger incident qui s’était et qui risquait de se produire… :
-          Putain, Marc… Manu fait vraiment chier !
-          Ton langage s’il-te plait John.
-          Pardon.
-          Bon, qu’est-ce qui se passe encore ?
-          Manu vient toujours emmerder tout le monde ! Y en a marre ! Quand est-ce que vous le virerez ?
-          Ce n’est de un pas à moi d’y penser, et de deux, on ne parle pas comme ça de ses camarades !
Manu réagit immédiatement à la phrase, et éleva la voix de plus loin en zappant :
-          Comme si t’en pensais pas moins Marc.
-          Penses ce que tu veux sale merdeux, je n’en ai plus rien à faire ! Ca fait sept ans que je suis là et je n’ai pas vu l’ombre d’un changement, alors excuse-moi d’y penser ne fut-ce qu’un peu.
Manu regarda Marc avec un soupçon de peine, mais n’y laissa presque rien paraître. Certaines phrases faisaient très mal de la part des éducateurs, et plus ils disaient ce genre de paroles, plus le jeune homme allait s’endurcir encore et encore. Il se releva de son divan et donna la télécommande au garçon en lui lançant un regard des plus haineux, prenant bien la peine de lui faire mal en lui tapant contre la poitrine :
-          Tiens ! T’es content, tu as eu ce que tu voulais espèce de..
-          Manu !! On s’en fout de tes remarques ! répliqua Marc d’un ton des plus agressifs.
-          Fais gaffe Marc, à ton âge on risque l’infarctus en s’énervant.
Il les laissa sur ces mots, poussant Cyril de son épaule pour qu’il le laisse passer, seulement, fut à nouveau arrêté par celui-ci dans le couloir :
-          Emmanuel…
-          Lâches-moi les bask’ le nouveau, tu commences franchement à m’emmerder ! Et évites de m’appeler encore Emmanuel ou je risque de m’énerver.
Manu tenta de le semer en se dirigeant assez rapidement dans sa chambre, et rentra à l’intérieur en fermant derrière lui, croyant être tranquille. Il mit ses mains dans ses poches et baissa la tête en soupirant… Tout cela était vraiment pénible ! Des soirées telles que celles-là, c’était presque rare qu’il n’y en ait pas. Dès qu’il y avait des éducateurs, les autres orphelins ne se gênaient plus pour parler de Manu devant lui, se sentant tous alors protégés malgré qu’ils savaient alors qu’ils risquaient gros une fois seuls.
Il regarda le sol en haïssant par la pensée toutes ces personnes qui n’arrivaient pas à le comprendre malgré qu’il était insupportable, jusqu’à ce qu’il soit à nouveau dérangé par Cyril qui rentrait dans sa chambre sans frapper :
-          Putain, qu’est-ce que tu fous là toi ? Qui t’as dis d’entrer ? Dégages ! répliqua Manu en s’approchant de Cyril.
-          Tu pourrais arrêter de disparaître ainsi ? Ca me simplifierait les choses !
-          Si je disparais, c’est peut-être que j’ai une raison ! Lâche-moi, t’entends ? cria Manu.
Il se dirigea ensuite vers sa musique et ne laissa pas répondre Cyril en mettant son « bruit » à fond, lui faisant comprendre qu’il n’avait absolument envie de rien entendre. Mais Cyril n’avait apparemment pas dis son dernier mot et s’abaissa pour débrancher directement la chaine-ifi de Manu, qui lui avait tourné le dos depuis. Il releva la tête, et se tourna avec le regard le plus noir qu’il avait en stock. Rentrer dans sa chambre sans frapper, lui parler de cette manière, lui donner des ordres et en plus, éteindre sa musique de cette façon… Tout pour jouer avec les nerfs de Manu, déjà à vifs. Il reposa la boite de son cd sur son bureau de telle manière qu’il se fit comprendre immédiatement que tout allait trop loin à présent et s’approcha de Cyril lentement pour s’arrêter à une dizaine de centimètres de son visage :
-          A quoi tu joues ?
-          Je t’ai déjà dis de me vouvoyer, Emmanuel !
Cyril appuya bien sur le prénom du jeune, ce qui le fit totalement sortir de ses gonds. Celui-ci prit le col de son éducateur et continuait à le regarder, ses yeux étaient des plus glacials, il croyait que Cyril allait vraiment l’encourager à le frapper, et ainsi arriver à ses fins mais il restait incroyablement calme bien qu’il avait un soupçon de crainte dans ses yeux :
-          Lâche-moi Emmanuel..demanda-t-il calmement.
Son prénom sortit sans qu’il s’en rende compte à voir ses yeux qui le regrettaient directement, Manu, lui, le prit comme s’il tournait le couteau dans la plaie. Il le plaqua au mur sans pour autant lâcher son col et reprenait, cette fois le ton encore plus énervé, au bord de l’explosion, la voix à la limite du tremblement d’énervement :
-          Arrêtes de m’appeler par mon prénom ! Il faudra que je te le dise combien de fois ?
-          Calmes-toi…
-          Que je me calme ? Pourquoi est-ce que je te ferai ce plaisir ? Et arrêtes de me demander ça gentiment, ça me rend dingue ! Tu me hurleras dessus quand même un jour ou l’autre, autant prendre les bonnes habitudes tout de suite.
-          Je remarque bien que te hurler dessus ne sert à rien. Tu es comme tous les autres gosses… J’ai bien vu tout à l’heure !
-          Vu quoi ? demanda Manu en resserrant son étreinte et tapant légèrement Cyril contre le mur, fou de rage.
-          Ca t’as affecté ce qu’à dis Marc !!
Manu desserra les points immédiatement, mais ne le lâcha pas. Que pouvait-il donc raconter ? Pour qui se prenait-il à raconter des choses aussi stupides ? Cyril continua alors :
-          Tu te fais peut-être passer pour un sale morveux, tu es en fait encore plus malheureux que tous les autres ! Et plus les autres te détesteront, plus tu seras peiné et tu seras encore plus insupportable ! J’avoue qu’il m’a fallu plus de temps que je ne croyais pour te cerner mais maintenant voilà… j’ai compris !
-          La ferme ! hurla pratiquement Manu.
Il lâcha Cyril, ne comprenant pas pourquoi il disait toutes ces choses insupportables à entendre. Manu s’éloigna dans la pièce et recommença à ranger ses cd en tournant à nouveau le dos à l’éducateur, qui resta là malgré l’agressivité de plus en plus forte du jeune.
-          Je me demande à quel point tu dois te sentir seul pour être devenu si repoussant.
Cette phrase fut celle de trop. Manu lança subitement son cd contre le mur, celui-ci explosa en morceaux et tomba. Son regard tourna lentement vers Cyril, l’air presque meurtrier. Mais au lieu d’aller le frapper, il s’avança rapidement vers lui et le poussa violemment de telle sorte qu’il fut sortit de la chambre en moins de temps qu’il ne fallait pour le dire… Cyril le regardait d’une étrange façon, mais semblait satisfait de lui, ce qui énerva davantage Manu. Il ferma la porte le plus violemment possible et posa son front dessus en fronçant les sourcils en frappant de son poing dessus. Il ne le supportait pas, dès le premier soir, Cyril l’avait rendu dingue de colère. Mais également de tristesse. Manu ne comprenait plus vraiment, mais il savait très bien que des sentiments comme il les ressentait en ce moment n’étaient que très rares. Il avait un débordement de peine tout à coup qui lui donnait envie de pleurer, mais se ressaisit avant de laisser ses larmes couler. Il préféra ramasser ce qu’il avait lancé au mur en se maudissant de l’avoir brisé et préféra finalement aller se coucher sans prendre la peine de rentrer dans les couvertures, partit pour encore une fois, une nuit blanche interminable...

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A
Oua c'ets génial! je sais que je me répétes mais franchement ya rien à dire d'autre! J'ai aps pu venir pendant quelques temps et ba ça m'a manqué tout ça :D
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L
Enfait Cyril et Manu je lé ador ! vivement la suite elle est super cette nouvelle histoire =)
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S
je sais pas koi dire c'est vraiment une fics génial . je vous souaite une bonne continuation. bisou a bientot
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T
J'suis triste pour lui :( il me fait de la peine le pauvre ... je l'm ! lol<br /> J'vais pas pouvoir lire toutes vos fics pendant 4jours c'est la dech ! je sais pas comment je vais tenir :'( !! lol<br /> j'vais survivre en me disant quand rentrant j'aurais le grand bonheur de toutes les lire ! niark niark ! ^^ bonne continuation oh grandes artistes de talent que vous etes ! XD
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S
super istoire j adore comme toutes les otre sur vos blog.bonne continuation pour toute les otre suite.
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