I feel you - Chapitre 4 [Lybertys]

Publié le par Lutraah/Lybertys

J’étais dans la cuisine avec la mère de Bastien et leurs deux autres enfants. Son père et lui étaient en train de s’engueuler au sujet de l’attitude de Bastien. Celui-ci était en train de devenir hystérique, et nous pouvions l’entendre hurler à son père :
             Je la déteste ! Et d’ailleurs, toi aussi, je te dét..
Nous n’eûmes pas le temps d’entendre la suite car il fut coupé par un grand bruit qui ne devait être autre que la main de son père atterrissant violemment sur sa joue. Très peu de temps après, le père dit bien plus calmement :
-
              Va dans ta chambre et réfléchis-y.
Au bruit des pas dans les escaliers, je compris que celui-ci était en train de s’exécuter et son père ne tarda pas à revenir, les mains tremblantes. Il fit un bref signe à sa femme, lui faisant comprendre qu’il souhaitait lui parler en privé. La mère de Bastien s’excusa et se leva de table me laissant seul avec les deux enfants. Je tendis l’oreille en me levant pour débarrasser, les entendant parler de Bastien, je m’arrêtais devant la porte de la cuisine.
-
              Ca ne peut plus continuer comme ça… Avec ses crises qui ne font qu’augmenter dans le temps… Bientôt nous ne pourrons plus garder aucun enfant. On ne sait même pas si nous allons pouvoir garder ceux là jusqu’au bout. On a les services sociaux sur le dos, et Bastien qui… Enfin quoi, on en fait beaucoup pour lui et…
La voix du père cessa un instant, et je n’avais pas besoin de le voir pour comprendre qu’il avait les larmes aux yeux. Au milieu de ses larmes, alors que la mère de Bastien tentait de la calmer, il poursuivit :
-
              J’en peux plus de cette situation. Cela fait deux ans que c’est comme ça… J’ai vraiment de plus en plus de mal à croire que Bastien va changer un jour.
Après un temps il poursuivit :
-
              Je n’ai pas pu m’empêcher de le gifler, malgré que je risquais qu’il fasse une crise ! Son regard… Il n’y avait que de la haine, je ne voyais pas une once d’amour ! C’est notre fils, notre seul et unique fils… On l’a toujours aimé, pourquoi est ce qu’il ne nous aime pas lui ?
J’aurais aimé que Bastien entende au moins la dernière phrase. Certes il n’avait pas eu totalement tord, mais il y était allé bien trop fort. Je me tournais vers les enfants, en ayant déjà entendu bien plus que je ne l’aurais d
û. Au vu de la douceur qu’il faisait ces jours-ci, je finis par leurs proposer d’aller jouer un peu dehors, chose que tous deux acceptèrent avec joie. Ils avaient besoin de changer d’air, faire autre chose, car ce genre d’ambiance était loin de leur convenir. Je jouais avec eux pendant un bon moment, jusqu’à ce que la mère de Bastien ne finisse par arriver avec un grand sourire.
-
              Merci beaucoup Morgan. Je vais m’en occuper maintenant, va te détendre un peu.
Je lui souris avant de monter dans la chambre, appréhendant un peu l’état de Bastien. Malgré lui, j’étais s
ûr qu’il m’en voulait d’avoir assisté à cela, et je ne pouvais m’empêcher de me sentir un peu coupable. Il était assis devant sa télévision à jouer à ses jeux débiles. Lorsque j’arrivais, il ne me regarda pas une seule seconde. Souhaitant crever l’abcès, surtout après avoir entendu son père pleurer et dire des choses qu’aucun parent ne devrait avoir à dire, je lui finis par lui dire :
-
              Franchement, t’es nul avec tes parents ! Ils font tout pour toi…
             Qu’est-ce que t’en sais toi ? Tu ne connais pas cette famille.
Je ne répondis rien, sentant qu’il était inutile de parler plus de cela avec lui. Je ne fis que soupirer, et sentant qu’il était au plus mal, je tentais de l’alléger d’un poids assez maladroitement :
-
              Au fait, pour tout à l’heure… Oublie. C’était une erreur.
Il ne me répondit rien, se contentant de jouer à son jeu vidéo. Je décidais de le laisser un peu seul, me sentant assez impuissant face à son état, n’étant pas vraiment habitué à ce genre d’histoire
s de famille. Fumer une cigarette et m’aérer un peu me feraient du bien. Je m’assis tranquillement sur les marches, profitant de pouvoir regarder le coucher du soleil. Mes pensées dévièrent assez vite sur le cas de Bastien. Malgré l’air détaché que je pouvais me donner, son cas m’inquiétait un peu. Après une bonne demi heure, je me décidais enfin à rentrer, ayant enfin trouvé une idée qui lui ferait peut être du bien.
En rentrant dans la chambre, j’allais directement chercher de quoi me doucher, sans un regard pour Bastien qui jouait toujours à ses jeux. La suite de la soirée, je la pass
ais sur mon lit, à feuilleter des magazines, jusqu’à ce qu’il fut l’heure d’éteindre la lumière. Bastien alla se coucher, mais vu son état de nerf, je me doutais bien qu’il ne s’endormirait pas. Comme à mon habitude, j’attendis patiemment que toute la maison s’endorme, et ce ne fut que lorsque j’en fus totalement certain que je me levais, et enfilais des vêtements pour sortir après quoi je me dirigeais vers l’armoire de Bastien. J’allais choisir moi-même ses vêtements, des vêtements qui le mettrait un peu plus en valeur et qui ferait peut être remonté sa propre estime. Evidemment, celui-ci était réveillé, et je ne tardais pas à entendre :
-
              Qu’est ce que tu fous ?
Ayant trouvé ce que je voulais, je me retournais et lui jetais lestement ses vêtements sur son lit, en répondant simplement :
-
              Enfile ça !
-
             Hein ?! S’exclama-t-il dans la plus profonde incompréhension. Qu’est ce que tu racontes ?
-
              Je te propose de sortir t’aérer un peu avec moi, ne me le fait pas répéter.
-
              Mais…Je… Enfin… Tu…

-              Ne t’inquiète pas, je ne te propose pas de sortir avec moi et ce soir je ne vais draguer aucun mec, je veux seulement aller boire un coup, et je pense que ça te fera du bien. Alors maintenant soit tu te décides à sortir avec moi et tu me rejoins devant ta maison dehors, soit tu restes là dans ta chambre à marmonner dans ton coin.
-
              Mais… Commença-t-il à répliquer, si mes parents découvrent ça je…
Je ne pris pas la peine d'écouter la suite, je sortais déjà de sa chambre, bien décidé à l'attendre dehors le temps qu'il faudrait. Une fois dehors, je m’assis sur le muret, m’allumant une cigarette et patientant sagement. Je savais que j’avais été dur avec lui, mais c’était pour moi la seule solution pour qu’il se détache un peu des jupes de sa mère et prenne enfin son indépendance. Pour moi, cela était vitale, et je voulais lui faire partager ce soir, implicitement, une partie de ma façon de voir les choses. Je ne savais pas pourquoi je faisais cela pour lui. J’avais déjà assez de problème
s avec ma propre famille et je n’étais pas du genre à me mêler de la vie d’autrui. Mais Bastien avait besoin de quelqu’un et personne ne semblait vouloir lui tendre la main. Contre toute attente, j’entendis la voix de Bastien dans mon dos qui me demandait :
-
              Alors ? On va où ?
S’il s’était décidé aussi vite, c’est qu’il devait sérieusement en vouloir à ses parents. Amusé je lui répondis en me tournant vers lui, sans caché ma joie de le voir accepter mon invitation.
-
              Boire un coup dans un bar pas très loin d’ici ? Ca te va ?
-
             Je ne bois pas d’alcool, s’empressa-t-il de me répondre nerveux.
-
              Je ne t’ai jamais forcé d’en boire… Ne t’inquiète pas, c’est un endroit tranquille que j’ai découvert avant-hier…
Il ne fallait pas que j’oublie le fait que Bastien était loin de me ressembler et qu’il avait donc des habitudes et des gouts différents des miens. Nous nous mîmes en route, Bastien me suivant un peu en retrait, comme s’il découvrait pour la première fois sa ville la nuit. Il ne décrocha pas un mot durant tout le trajet. Je ne savais pas trop quoi lui dire moi non plus, alors nous arrivâmes au bar en silence. Il n’y avait pas trop de monde, l’ambiance était assez tranquille. Je pensais que cela conviendrait à peu près à Bastien, même si ce genre d’endroit ne semblait pas lui plaire énormément à la base. Je lui montrais une table près du comptoir et allait chercher à boire. Je lui pris un coca et pris une simple bière. Lorsque je vins le rejoindre, il semblait assez mal à l’aise et ne cessait de jeter des coups d’œil de partout, comme s’il avait peur. Il était très rare que je côtois des mecs dans son genre, et je ne savais pas vraiment comment réagir avec lui. Il restait les lèvres désespérément soudé
es, nous plongeant dans une sorte de malaise désagréable. N’en supportant d’avantage, j’engageais laborieusement une esquisse de conversation :
-
             Je sais que ce que je vais te demander va te sembler étrange, tu vas trouver que je me mêle de choses qui ne me regarde pas, mais qu’est ce que tu reproches à tes parents ?
-
              Tu as raison, ça ne te regarde pas et je n’ai vraiment pas envie de parler de ça ! Me rétorqua-t-il bien que j’avais remarqué un profond agacement à entendre prononcer le mot « parents ».
-
              Bastien… Soupirais-je, cachant avec difficultés mon exaspération.
Alors que j’allais tenter d’insister un peu, il déclara sans mâcher ses mots :
-
              Il n’y a rien à dire de toute façon, à part que ce sont des connards !
Jouant jusqu’à maintenant de ses doigts sur son verre comme pour canaliser son stress, il porta son verre à ses lèvres et en but une gorgée conséquente. Contre toute attente, j’affichais pendant quelques secondes un léger sourire sur mes lèvres, il venait d’en dire suffisamment pour entamer ce sujet plus en profondeur.
-
              Bon, je ne vais pas te dire comme tout le monde aurait pu le faire hypocritement. Je ne vais pas te dire que tu as la chance d’avoir une famille. Je ne vais pas te dire non plus qu’ils t’aiment bien plus que tu ne voudrais le croire. Parce que tout cela tu le sais.
Les yeux de Bastien étaient rivés sur moi, comme dans l’attente de ce que j’allais lui dire par la suite. Je déglutis, sachant que je m’étais engagé sur un terrain glissant. Je choisis alors d’emprunter le chemin du partage. S’il se confiait un peu à moi, je pouvais l’encourager en lui rendant la pareille.
-
              Je ne vais pas juger ta vie, mais te parler un peu de la mienne avant de venir ici.
Bastien ne fit aucun commentaire, ne me laissant paraitre aucun signe de désaccord, ainsi je continuais :
-
              Je n’ai jamais connu mon père, et seulement apperçu une fois celui de ma petite sœur. Mais cela je m’en moquais, je n’avais jamais connu l’amour paternel et cela ne m’a jamais manqué.
-
              Tu as une sœur ? Me demanda-t-il.
-
              Oui. Elle a été placée dans une autre famille. Répondis-je rapidement, n’ayant surtout pas envie d’aborder ce sujet douloureux.
Bastien sembla le comprendre, car il n’insista pas, attendant que je poursuive.
-
              Quand à ma mère, ajoutais-je, elle passait 99% de son temps avec des hommes, en changeant régulièrement. Elle les rencontrait au jeu, y passant toutes ses soirées. Sa présence à la maison était tellement rare que nous n’avons finalement pas pu échapper au fait d’être séparé d’elle. On pourrait s’attendre à ce que je la déteste, à ce que je te dise que contrairement à moi tu as de la chance, mais je n’en ferais rien. Même si ma famille était composée d’uniquement trois personnes dont une était la plupart du temps absente, c’était ma famille, et je l’aimais. J’ai élevé ma petite sœur, sans jamais trouvée qu’elle me prenait trop de temps. Je profitais de ma mère lorsqu’elle était là, même si sa mauvaise humeur et l’alcool ne la rendais pas agréable… Parce qu’au fond d’elle-même, elle nous aimait même si j’avais fait irrémédiablement changer sa vie lorsqu’elle m’a eu à seize ans. Alors même si la situation t’empêche d’y voir claire à cause de ta colère pour eux, je suis sur que tu les aimes aussi fort qu’ils t’aiment. Ils s’inquiètent pour toi Bastien…
-
              Je dois prendre exemple sur toi peut être ?! Me demanda-t-il sur un ton plus qu’agacé.
A mon tour énervé par sa réaction, je me redressais en déclara sans cacher ma déception :
-
              Tu peux vraiment avoir des réactions de gamins des fois Bastien. J’vais pisser, j’reviens.
Sans plus de cérémonie
s, je me levais et le laissais seul. Je regrettais de lui avoir parlé ainsi de ma famille. C’était une chose sur lequel je ne me confiais guère. D’ailleurs je n’en avais jamais parlé à personne. Je ne comprenais même pas pourquoi j’avais abordé ce sujet avec lui. Après tout c’était ses problèmes et mon côté altruiste était loin d’être développé. Je rentrais dans les toilettes, ignorant le regard d’un mec posé sur moi. Ce soir je n’étais même pas d’humeur à cela. Bastien m’avait irrité plus que je ne le pensais. Je fis rapidement ce que j’avais à faire, et sortit des toilettes après avoir pris une grande inspiration pour tenter de me calmer lorsque j’allais le retrouver. Je fus à moitié surpris de découvrir son siège vide, comprenant alors qu’il n’avait pas aimé ma dernière réplique. La soirée que j’avais voulu agréable pour lui, n’avais fait que renforcer le fossé qui nous séparait. Agacé de perdre ainsi mon temps pour lui, je m’assis et choisis de prendre le temps de finir ma bière avant de rentrer, n’ayant plus du tout la tête à passer une soirée dehors. Après avoir payé au comptoir, je sortis du bar pour voir contre tout attente Bastien plaqué contre le mur avec un mec en face de lui, lui faisant du rentre dedans. Saisissant presque immédiatement sa panique, j’approchais d’eux avec la ferme intention de remballer cet homme. Sans la moindre hésitation, je lui attrapais vivement l’épaule une fois à sa hauteur. Je voulais faire bref, et ne pas avoir à m’expliquer pendant des heures. Aussi, je décidais de modifier un peu la réalité, sachant pertinemment que cela n’allait pas plaire à Bastien. Prenant un air glacial et meurtrier, je déclarais à cet homme, la tête maintenant tournée vers moi :
-
              Tu laisses mon mec tranquille maintenant !
Bastien posa aussitôt les yeux sur moi, tandis que l’homme se retournait. Je le connaissais, du moins, je l’avais croisé plusieurs fois depuis mon arrivée ici. J’avais échangé plusieurs bribes de conversation. Je devais avouer qu’il était plutôt pas mal, mais ce n’étai
t vraiment pas ce qui me préoccupait pour le moment. Omettant le regard que je ne parvenais à définir chez Bastien, je me concentrais sur l’autre.
-
              Je ne savais pas que tu avais un mec, Morgan… C’est bien ça ton prénom ?
-
              Laisse-le tranquille, il n’a vraiment pas besoin de ça…
-
              Très bien Morgan, même s’il est plutôt pas mal, de toute façon j’le trouvais vraiment trop coincé.
Il commença à s’éloigner, puis me lançant un dernier regard lourd de sens en ajoutant :
-
              En revanche, toi…
Je ne relevais pas sa proposition implicite, tournant mon attention sur Bastien qui était toujours plaqué au mur. Semblant assez mal à l’aise, jusqu’à maintenant et revint peu à peu à lui. La colère déforma ses traits, et me déclara avec hargne :
-
              J’aurais jamais dû te suivre ! Tu ne vaux pas mieux que cette pédale… Ce, ajouta-il comme pour se reprendre. Tu ne peux pas me foutre la paix, pourquoi tu m’as proposé cette sortie ? C’est parce que je t’ai fait pitié ?!
Je ne savais pas vraiment si c’était la colère qui le faisait trembler. Je ne l’avais jamais vu dans cet état, même les autres fois où je l’avais poussé à bout. Je savais qu’il avait raison de m’en vouloir, mais étant loin de supporter d’accepter mes erreurs et surtout de me faire traiter ainsi, je ne pus que répondre :
-
              C’est toi uniquement qui a pris la décision de me suivre ! Alors arrête de plaindre comme un…
-
              Oh mais ne t’inquiète pas, me coupa-t-il, le gamin se casse et te fout la paix.
Je souris intérieurement, réalisant qu’il n’avait vraiment pas digéré que je l’appelle ainsi. A peine eut-il fini sa phrase qu’une étrange expression voila un instant son visage, comme une vague d’angoisse. Son emportement et sa colère revinrent au galop, tandis qu’il s’éloignait en criant :
-
              Ne m’approche pas, laisse moi seul !
Bastien commença à partir en marchant assez vite. Mettant mon orgueil de côté, je décidais de le suivre, ne voulant pas le laisser comme cela. Je ne courus cependant pas pour le rattrap
er, marchant derrière lui à une certaine distance. Il ne cessait de jeter des coups d’œil de droite à gauche, mais poursuivait son chemin sur le même rythme. Cependant, il finit par s’arrêter au détour d’une rue, posant sa main contre le mur. M’inquiétant, j’accélérais le pas avant d’arriver à sa hauteur. Arrivant à son niveau, je posais ma main sur son épaule.
-
              Bastien, ça ne va pas ?
Aussitôt il se retourna et me repoussa, le visage pâle comme la mort. Semblant avoir beaucoup de mal à respirer, il me hurla :
-
              Putain ! Laisse-moi seul ! Ce n’est pourtant pas...
Il ne parvint pas à finir sa phrase, se tordant en deux, sous mon regard ahuri et angoissé. Ne pouvant tout simplement pas le laisser ainsi, je m’approchais de nouveau de lui, tentant de l’attraper par le bras. A peine eussè-je effleuré sa main qu’il me repoussa avec la même violence, mais avec beaucoup moins de force cette fois-ci. Réalisant alors seulement maintenant qu’il était en train de faire une crise. La terreur voil
a ses yeux qui me fixaient comme un animal menacé et meurtri. Seul son nom sortit de mes lèvres alors que je tentais encore une fois de l’approcher, ne pouvant décemment pas le laisser ainsi. Ma tentative se solda par un échec, Bastien tentant de me hurler de dégager, m’obligeant à faire deux pas en arrière. Seulement nous imposant une distance plus grande que la précédente, il changea subitement d’avis et me rattrapa très brusquement par le bras. Sans que je ne réalise vraiment ce qu’il se passait, Bastien me tira à lui et s’agrippa à moi, contractant ses mains sur mon dos, se collant à moi comme jamais. Accédant à sa demande, je l’entourais de mes deux bras, le serrant assez fort. Je ne savais pas vraiment comment réagir, ni quoi lui dire, mais je savais qu’il avait plus que tout besoin de quelqu’un. Les battements frénétiques de son cœur cognaient contre ma poitrine, et même s’il avait énormément de mal à respirer, il me serait à chaque seconde plus fort. Je finis par nous faire reculer, avant de m’adosser contre le mur afin de nous asseoir à même le sol. Ne nous éloignant à aucun instant, je murmurais à l’oreille de Bastien des paroles de réconfort que je trouvais tellement insignifiante face à son état. Si j’avais déjà entraperçu une de ces crises, c’était loin d’être la même chose que de l’avoir totalement paniqué au creux de mes bras. Comment pouvait-il en être réduit à cet état ? Il semblait avoir besoin de tellement d’amour et d’autre chose que cette vie dans laquelle il évoluait… Ainsi placé dans mes bras, il était si faible et vulnérable. Je m’en voulais de ne pas avoir pris sur moi et de ne pas avoir été plus loin dans la conversation. Je m’en voulais de l’avoir fait venir, et je m’en voulais d’être responsable d’une de ses crises qui devait être à chaque fois plus difficile à surmonter. Entre deux respirations, je l’entendis me gémir qu’il n’arrivait plus à respirer, me suppliant de ne surtout pas mourir. Mon cœur était douloureusement serré. Frustré de ne savoir quoi faire, je le serrais contre moi, encore plus qu’il n’était possible. Glissant mon visage vers son oreille, en un geste dénué de tout sous-entendu, je murmurais à son oreille des mots si faibles par rapport à sa détresse. Il avait de plus en plus de mal à prendre une inspiration et son corps était secoué de spasmes qu’il ne retenait plus dans mes bras. Je ne sus combien de temps cela dura, mais cela cessa de manière assez abrupte. Je mis un instant à comprendre qu’il venait de s’évanouir aux creux de mes bras, à bout de force. Ma main continuait de passer lentement dans son dos, tentant de lui apporter une chose rassurante et apaisante. Ce calme paisible contrastait vraiment avec la crise qui venait de se passer il y avait une minute à peine. Peu à peu, je me détendis, me décalant un peu de lui, afin de voir son visage. Ma main glissa tendrement dans ses cheveux, dans un geste que je ne me connaissais qu’avec ma petite sœur. Et encore, celui-ci avait quelque chose de différent. Etendu dans mes bras, je retrouvais peu à peu mon calme. Sa peur sourde m’avait terriblement angoissé, impressionné par ce que je venais de voir. Touché que Bastien ait fini par chercher refuge, sans concession aucune dans mes bras, même s’il n’avait pas d’autre choix, je restais encore un peu ainsi, recherchant le silence de la nuit comme atténuation. Seule la lumière du réverbère nous éclairait, créant une ambiance assez intime. Lentement et presque sans vraiment m’en rendre compte, mes yeux s’étaient déposés sur ses lèvres, et mon doigts les effleuraient à peine, sentant sous ma peau cette douceur et cette chaleur que mes lèvres avaient connu. Inconsciemment, mon visage s’était abaissé près du sien, comme enchanté, et ce fut seulement au moment où je sentis son souffle sur mon visage que je me rendis compte de ce que je m’apprêtais à faire. Vivement, je me reculais, me décidant à me lever et à ramener Bastien dans la chaleur de son domicile. Je ne savais pas ce qui venait de me prendre, mais je préférais ne surtout pas y penser. Me relevant, je pris Bastien dans mes bras, alors qu’il resserrait inconsciemment ses bras autour de mon corps, comme s’il avait peur que je le laisse seul. Heureusement, nous n’habitions pas très loin et Bastien était loin d’être lourd. Le trajet se fit dans le silence de la nuit, et je ne croisais personne à part quelques voitures roulant à une vitesse affolante.
Nous finîmes par arriver chez lui. Il dormait toujours profondément, et ce fut non sans quelques difficultés que je le ramenais jusqu’à sa chambre sans bruit.
Délicatement, je me le déposais sur le lit, l’allongeant le plus convenablement possible. Après une seconde d’hésitation, je décidais de le déshabiller et de le mettre en pyjama. Je savais qu’il m’en voudrait le lendemain, mais la situation était tentante et j’avais quelques excuses. Sa mère ne comprendrait pas qu’il dorme ainsi habillé et il serait plus à l’aise en pyjama. Lentement, j’ôtais son t-shirt, m’étonnant moi-même de ma propre douceur dont je faisais rarement preuve. Malgré la peine ombre qui régnait dans la chambre, je pouvais parfaitement voir sa peau, et ce fut sans difficulté que j’effleur
ais sans peau sans aller plus loin. Il était indéniable qu’elle dégageait quelque chose qui ne m’était pas indifférent. Elle dégageait une chaleur et me donnait l’impression d’être du velours sur lequel je ne me lasserais de passer mes mains…
Je me secouais soudain la tête en réalisant mes pensées. Je divaguais ! Sans enlever tout de suite le bas de son pantalon, je recouvrais rapidement son torse d’un pyjama propre. Rien ne semblait pouvoir le réveiller. Prenant une légère inspiration silencieuse, je m’attaquais ensuite au bas de son corps. Avec patience, je délaçais ses chaussures, m’amusant intérieurement de la situation, n’ayant jamais pensé me retrouver en train de déshabiller Bastien un jour. Un sourire tendre étira mes lèvres lorsque je regardais son visage endormi. C’était dans des instants comme cela, que j’entrapercevoir sa fragilité et sa douceur. Tout dans son état, transparaissait un manque d’amour qu’il se refusait malgré lui à recevoir. Bastien était finalement quelqu’un de si pur et naïf que cela en était presque dérangeant pour quelqu’un comme moi.
Une fois ses chaussettes enlev
és, je m’attaquais à ce jean qui lui allait très bien et que je n’avait vu sur lui que ce soir, ayant choisi ses vêtements. Après avoir déboutonné son pantalon, je commençais à le faire glisser, passant mes deux mains sur les côtés extérieurs de ses cuisses. Passant mes doigts sur sa peau, il me sembla sentir une irrégularité sous mes doigts, ou du moins quelque chose qui ne semblait pas être normal. Plus qu’intrigué, j’ôtais son jean entièrement avant de reporter mon attention sur sa jambe. Une cicatrice apparemment ancienne, certainement dû à une brûlure partait de sa cuisse et descendait jusqu’à son pied en s’amplifiant comme si de l’eau ou de l’huile bouillante avait coulé tout le long. Commençant à connaître un peu Bastien, je devinais qu’il m’en voudrait d’avoir vu cette partie de lui qu’il m’avait toujours consciencieusement cachée. Mais c’était maintenant trop tard. Agenouillé près du lit, mon doigt vint effleurer sa peau anciennement meurtrie, la caressant comme si j’avais peur de lui faire mal. Je vis un frisson inconscient le parcourir. Décidant qu’il était plus que temps que j’aille me coucher à mon tour et que je faisait quelque chose qu’il serait loin d’approuver, je lui enfilais avec difficulté son bas de pyjama, puis l’installait sous les couvertures, le bordant et replaçant son oreiller. Il finit par me tourner le dos en se mettant sur le côté tout en soupirant.
Sans plus attendre, me détendant enfin, je pliais ses vêtements et les déposai
s sur sa chaise, avant d’aller à mon tour me mettre en boxer. Sans plus attendre, je me glissais sous les couvertures. Il me fallut du temps pour me remettre de l’émotion liée à la crise de Bastien, si bien que je ne dormis que quelques heures cette nuit-là.

Lorsque le réveil de Bastien sonna tôt le matin, je me retins de râler et me levais pour aller l’éteindre complètement. J’irais parler à sa mère, mais après ce qu’il avait vécu la veille, il n’était certainement pas en état d’aller en cours aujourd’hui. Attrapant mes vêtements propres, je me dirigeais vers la douche sans attendre, profitant de la salle de bain libre. Après m’être entièrement lavé, je me séchais et m’habillais simplement : jean et t-shirt noir à manche longue, assez près du corps. Ajoutant à cela un pull noir à col roulé, je sortis et après avoir déposé mon pyjama au sale, je descendais prévenir la mère de Bastien avant qu’elle ne vienne le réveiller. A peine fussè-je rentré dans la cuisine que la mère de Bastien me demanda avec un sourire :
-
              Tiens bonjour Morgan ! Bien dormi ?
-
              Oui, très bien répondis-je. Mais ce n’est pas le cas de Bastien.
-
              Comment ça ? Demanda sa mère inquiète.
-
              Il… Il a eu une crise cette nuit, et il était trop en colère pour venir vous voir… Je pense qu’il vaut mieux le laisser dormir.
L’inquiétude de sa mère me mit mal à l’aise. Est-ce que Bastien verrait ce visage de la même manière que moi ?
-
              Oh… je… Oui, il ira juste voir son psy. Pas d’école pour lui aujourd’hui, dit sa mère comme absente.
Le sujet fut clos, et nous ne nous adressâmes plus un seul mot. Rapidement je mangeais mon petit déjeuner avant de remonter faire ce que j’avais à faire, puis de quitter l’appartement
  après avoir souhaiter bonne journée à tout le monde. Une fois dehors, je m’allumais une cigarette et pris le chemin du lycée, le trouvant bien silencieux sans Bastien. Comment prendrait-il le fait que je l’ai mis en pyjama et que j’ai vu sa jambe ? M’en voudrait-il d’avoir avoué à sa mère la crise de cette nuit ? M’adresserait-il seulement la parole à mon retour ?
Je marchais tranquillement, sans me presser, voyant que j’étais loin d’être en retard. Une fois arrivé au lycée, étant en avance, je m’assis sur un banc, attendant que les autres arrivent et profitant du calme qui m’était offert. Malheureusement, il fut de courte durée, car alors que j’allumais une autre cigarette, la fameuse Aurore se planta devant moi en déclarant :
-
              Salut Morgan ! Je sais que ce n’est pas bien de fumer, mais qu’est ce que ça te rend sexy…
Déjà lassé de son rentre dedans quotidien, je dus supporter de lui faire la bise, ayant très vite mal au cœur à cause de son parfum lancinant. Pourquoi est-ce qu’elle me collait ainsi aux basques ? Je n’avais certes rien fait pour la repousser, mais je savais que cela ne servirait à rien. Aurore ne semblait pas être le genre de fille à s’arrêter à un rejet.
-
              Tu as passé une bonne soirée hier ? Me demanda Aurore avec un sourire que je ne pouvais pas encadrer.
Comment Bastien avait-il fait pour tomber amoureux d’elle ?
-
              Oui, ça peut aller… Me contentais-je de répondre.
-
              Ca te dit d’aller boire un coup après les cours ? Ajouta-t-elle enjouée pour deux.
-
              Non, désolé, j’ai des trucs à faire.
-
              Oh… Me dit-elle, déçue. Dans ce cas, je prends le même chemin pour rentrer chez moi, on pourra marcher ensemble ?
-
              Hum, pourquoi pas…
-
              Très bien, dit-elle, un immense sourire accroché à ses lèvres. A tout à l’heure en cours alors !
Elle partie, me laissant retrouver mon calme et ma solitude que je préférais mille fois à sa compagnie. Finissant ma cigarette, je redressais les yeux pour voir un autre lycéen me regarder de loin. Dès qu’il croisa mon regard, il se détourna et fit semblant de s’intéresser à ce que lui disait son ami. Le détaillant, je vis qu’il était plutôt pas mal. Ses cheveux bruns étaient attachés à une queue de cheval, et son pantalon était loin de cacher ses atouts. Amusé, je me levais et après un dernier regard admirateur, je pris le chemin de ma sal
le de classe. Lorsque j’arrivais, je vis qu’ils étaient en train de rentrer. Une fois dans la salle de classe, je cherchais des yeux une place au fond de la classe, et je vis un garçon avec qui j’avais un peu sympathisé me faire un signe de la main pour prendre place à ses côtés. Marchant vers lui, j’offris un sourire à Aurore qui me regardait ce qui eut pour effet de la faire rougir.
Une fois assis et après avoir salué mon camarade, je sortis de quoi écrire de mon sac, une simple feuille et un bic. Le cours commença assez vite et le professeur débita son cours inintéressant. Il nous donna ensuite un exercice à faire, puis défila dans les rangs, regardant par-dessus nos épaules, chose que je haïssais au plus au point. Cependant, arrivé à ma hauteur, il me demanda la voix légèrement basse pour ne pas déranger le reste de la classe.
-
              Bastien n’est pas là ? Me demanda-t-il.
Ce devait bien être le seul dans toute la salle à s’en soucier.
-
              Non, il est malade, répondis-je simplement.
Le professeur repri
t sa ronde sans plus de cérémonies, me laissant finir mon exercice.
Ce fut une journée assez paisible. Certes, elle était assez ennuyeuse, mais nous avions peu d’heure
s. Il était maintenant 16h00 et Aurore était en train de me courir après en m’appelant alors que j’arrivais au portail. Arrivée à ma hauteur, légèrement essoufflé elle me dit :
-
              On devait rentrer ensemble, tu n’as pas oublié.
Remettant ses cheveux en place, avec un tic qui m’exaspér
ait, nous nous mîmes tous les deux en route sur le chemin du retour. Pour la supporter, j’allumais une cigarette, faisant semblant d’écouter ses histoires parlant constamment d’elle. Comment pouvait-on être à ce point ennuyeux et désirée ? Je ne comprenais décidemment pas les mecs de la classe et ceux du lycée. Heureusement, nous ne tardâmes à arriver devant chez Bastien.
-
              Mince, on est déjà arrivé… Faudrait vraiment qu’on trouve un moyen de se voir plus longtemps demain… Dit-elle une voix pleine de sous entendu, entament de manière plus franche son rentre-dedans.
Posant une main sur mon épaule, elle se rapproche un peu trop de moi, avant d’ajouter bien plus bas :
-
              Je suis sûr qu’on trouverait à s’occuper…
Bien évidement, elle prit grand soin de mettre son décolleté sous mes yeux, comme agacé que je ne l
a regarde pas.
Finissant par en avoir assez, je la repoussais et déclarais d’un ton détaché :
-
              Je suis occupé demain, on verra…
Croyait-elle vraiment qu’elle réussirait à m’avoir. Après avoir pris congé d’elle, je rentrais dans la maison. Personne ne semblait être là. Rapidement, je montais les marches après avoir fait un tour par la cuisine pour boire un verre de jus de fruit, et arrivé dans la chambre, je sursautais en voyant Bastien debout au milieu de la pièce. Il ne perdit pas une minute pour me dire, les poings serrés :
-
              Je croyais que ton truc c’était les mecs !
Eberlué, je lui demandais :
-
              Qu’est ce qui se passe ?
-
              Ce qui se passe !!! Cria-t-il en démarrant au quart de tour.  Tu le fais exprès pour m’emmerder c’est ça ?!!
-
              Calme-toi Bastien ! Qu’est ce qui te prend ? Le questionnais-je agacé par son agressivité et ne supportant pas de me faire hurler dessus ainsi.
-
              Ce qui me prend, poursuivit-t-il dans sa lancée. Non plutôt ce qui te prends ! Si tu veux baiser avec une fille, ne le fait pas avec elle !
Je compris alors qu’il venait de me voir rentrer avec elle, et qu’il était loin de l’avoir supporté. Enervé à mon tour qu’il s’emporte ainsi, je rétorquais sur le même ton :
-
              Mais j’en veux pas, c’est qu’une salope qui veut baiser avec moi. Tu crois vraiment que si je voulais me faire une fille j’irais avec elle ?!!
Il n’en fallut pas plus à Bastien pour se ruer sur moi dans le but de me frapper. Etant loin d’être du genre à recevoir des coups sans rien dire, j’interceptais son bras, et lui tordant habillement alors qu’il se débâtait en m’insultant, il finit par tomber sur le sol. Rouge de colère, Bastien changea de sujet, faisant ressortir la véritable cause de sa rancune :
-
              Ne me touche pas ! Tu n’avais pas à me changer en pleine nuit ! Ne pose plus jamais la main sur moi, éloigne toi !
Il m’en voulait d’avoir vu sa cicatrice… En le déshabillant, il était impossible que je n’aie pas vu. Avait-il honte à ce point ? Etait-est-ce pour cela qu’il s’éloignait autant des autres ?
-
              Bastien calme-toi, tentais-je, ta réaction est vraiment disproportionné.
-
              Tait-toi ! Fous moi la paix ! Hurla-t-il comme un hystérique. Pourquoi il a fallu que vienne ici ! Pourquoi mes parents veulent élever des tarés comme vous ?!!
Ses mains commençaient à trembler étrangement comme la veille, mais cela ne l’empêchait pas de poursuivre, me reprochant un tas de chose
s, vociférant contre ses parents et tout le reste. Au bout d’un moment il s’arrêta pour reprendre son souffle, et j’en profitais pour esquisser un geste vers lui en murmurant son prénom, craignant qu’il refasse une crise qu’il aurait du mal à supporter vu la violence de celle de la veille. Seulement je fis une grosse erreur, car il reprit presque aussitôt :
-
              Dégage ! Ne t’approche pas de moi ! Je te déteste !
Comprenant qu’il était trop tard, tout comme l’autre soir, je ne lui laissais pas le temps de faire marche arrière et le pris dans mes bras de la même manière que la nuit dernière. Peut être m’y pris-je trop tôt, mais cela sembla aggraver son cas. Hurlant comme un hystérique, il se débattit comme une furie, tentant par tous les moyens de se soustraire à mon étreinte. Il m’intima de dégager, de le laisser en paix, de l’oublier. Me repoussant comme il pouvait, mais sa force n’égalant pas la mienne, il finit par vociférer malgré sa difficulté plus qu’évidente à respirer :
-
              Sale pédale, lâche moi. Ne me touche pas, je ne suis pas pour les mecs !
J’étais patient, mais j’avais mes limites. A bout, je le saisis brusquement par les épaules, l’éloignant de moi et le maitrisant de sorte à ce qu’il comprenne que j’étais de toute façon plus fort que lui. De la voix la plus calme qui me fut permise, je lui dis alors, plantant mon regard dans le sien alors qu’il avait un instant cessé de bouger :
-
              Bastien, calme toi…
Sitôt eussè-je terminé ma phrase que son bras partis sans que je sache le retenir et sa main atterrie violemment sur ma joue. Il ne m’en fallut pas plus.
-
              D’accord, tu veux jouer à cela ! Dis-je en perdant mon sang froid.
Perdu dans sa colère et sa panique, il m’ignora, continuant à se débattre et à me hurler dessus. Lassé, je le saisis par les deux bras et le fis tomber sur le lit comme s’il ne pesait rien. Le chevauchant, alors qu’il se bougeait dans tous les sens, je saisis ses deux bras de manière à ce qu’il ne puisse plus m’échapper. Il avait de plus en plus de mal à respirer, mais je sentais que pour rien au monde il n’aurait fini dans mes bras. Je devais réellement employer la force pour le calmer et éviter de déraper. Ses yeux reflétaient une terreur que je n’aurais jamais crue possible. M’abaissant légèrement pour me coller à lui alors qu’il poussait un cri, je lui dis d’une voix basse de respirer lentement, afin d’éviter que la crise ne s’aggrave. Complètement paralysé, il finit par abandonner, n’arrivant même plus à se détacher de mon regard. Je pouvais presque entendre son cœur tellement il battait vite. Il avait le teint étonnamment livide, comme si vidé de toute force, il ne parvenait plus à rien. Plusieurs fois il tenta de nouveau de se détacher de mon emprise, mais c’était sans grande conviction. Il me cédait, me promettant du regard qu’il ne serait pas près de l’oublier. Alors qu’il commencer lentement à reprendre une respiration qui se rapprochait de la normale, la porte s’ouvrit. Nous sursautâmes de concert lorsque nous vîmes sa mère à la porte. Nous regardant ahurie, elle referma presque aussitôt la porte et nous entendîmes ses pas descendre dans l’escalier.
Baissant ma garde, Bastien en profita pour libérer une main et m’envoya son poing dans le ventre. Il ne m’en fallut pas plus pour perdre le contrôle. Si Bastien ne le comprenait pas, s’était loin d’être ma première bagarre, et rare étaient ceux qui avait pu me frapper sans le regretter par la suite. Ma main s’éleva dans les airs pour lui rendre son coup, mais s’arrêta à quelques millimètres de son visage. Je ne sais pas ce qui m’arrêta. Son visage apeuré et totalement perdu ? Ce n’était surement pas d
û uniquement à cela. Rageusement, je me levais, le libérant. Il ne perdit pas une seconde. Il sortit de la chambre en se ruant dans les escaliers, certainement après sa mère. 
Excédé, je saisis directement mon paquet de cigarette et m’en allumais une en ouvrant la fenêtre, me moquant ouvertement de ce que Bastien trouverait à redire là-dessus. Mes mains étaient encore tremblantes. Respirant profondément, je tentai de ramener mon rythme cardiaque à la normal. Si je ne l’avais pas frappé, je réalisais que c’était parce que j’avais avant tout agit pour ne pas qu’il se fasse mal. Je n’avais jamais fait cela pour personne, à part pour les deux êtres qui m’étaient cher et dont j’avais été séparés. J’avais désiré protéger Bastien avec tellement de ferveur, que cela me faisait presque peur…



A suivre...

Merci à Gayana d'avoir eu la gentillesse de corriger ce chapitre. :) 

Publié dans I feel you

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M
je decouvre la fic et ja trouve incroyablement magnifique !!!<br /> j'ai hate de le chapitre suivant !
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J
Nouvelle lectrice :D<br /> J'adoore !!! j'ai hate d'avoir une suite. Pleins de bisouxx (K)
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L
mais c'est parce que t'es namoureeeuuuuxxxx!!!! lol<br /> sa avance , sa avance entre ces deux là!<br /> vivement la suite qu'on en sache un peu plus sur cette cicatrice....<br /> <br /> gros bisous!
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S
yeeeeeees! un nouveau chapitre! que c'est bon de retrouver nos 2 zigotos! X)un chapitre bien tumultueux... qui insère plein de petits éléments...Morgan va devenir un pro en crise made in Bastien, et d'ailleurs d'où vient la ciactrice de ce dernier?et la mère a doit se poser pas mal de questions, leur position était très propice aux malentendus... ^^continuez!!!
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M
YOUPIIIIHeureuse de voir que la machine est relancée, très belle suite juste comme je les aime en plus!Vivement la suite ^^
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